L'étude réalisée par le fournisseur de systèmes d'administration cloud VKernel s'est intéressée à  2 500 environnements virtualisés concernant plus de 550 000 machines virtualisées, révèle que, en moyenne, les administrateurs allouent 70% de la RAM d'un serveur aux machines virtuelles (VM), laissant 30 % en réserve. Mais, une fois la mémoire saturée, il n'est plus possible d'installer de machine virtuelle sur ce serveur, quelle que soit la CPU ou la capacité de stockage restante. L'enquête en déduit que cela rend les serveurs inefficaces. L'étude, qui s'est limitée à des environnements comprenant au moins 50 machines virtuelles, indique que ses conclusions s'appliquent de la même manière à des configurations plus modestes de quelques serveurs physiques seulement. Elle établit par ailleurs le profil moyen d'une machine physique : celle-ci héberge 15,6 VM, elle est à double socket, avec des processeurs quatre coeurs, et dispose de 50 Go de mémoire et de 2 To d'espace de stockage.

Des composants haute densité toujours plus chers

Le manque de mémoire résulte essentiellement du coût que cela représente : en effet, en raison du nombre limité de connecteurs RAM, il faudrait des modules de densité beaucoup plus élevée (par centaines de Go) pour accroître la capacité d'une machine aux niveaux requis pour la virtualisation. Mais ces composants sont généralement très chers. Aussi, investir dans des coeurs de traitement plus rapides ou multiples, et moins coûteux est souvent considéré, à tort, comme le meilleur moyen pour augmenter la performance. Car la réduction de coût est le principal objectif de la virtualisation. Alors qu'auparavant, chaque système d'exploitation devait être associé à un ordinateur physique unique, la virtualisation permet de faire tourner simultanément plusieurs systèmes d'exploitation sur un seul ordinateur physique. Par exemple, une VM peut exécuter le serveur de messagerie d'une entreprise, tandis qu'une autre peut faire tourner son serveur web. Une autre encore peut fournir une passerelle VPN. L'administration de plusieurs machines virtuelles est également plus facile, comparée à une configuration similaire impliquant plusieurs machines physiques. Fait intéressant, l'étude remarque que dans des environnements où le nombre de machines physiques est moins élevé, celles-ci hébergent plus de machines virtuelles, ce qui fait dire que les administrateurs sont assez souples quant à la capacité disponible. Des environnements avec 24 hôtes physiques ou plus, hébergent en moyenne 11 machines virtuelles par machine physique, alors que ceux dont le nombre se situe à 10 machines physiques, et moins, hébergent jusqu'à 20 machines virtuelles, soit le double. En d'autres termes, les entreprises avec moins de serveurs ont tendance à exploiter au maximum leurs capacités.

Un marché toujours fluctuant

Certaines conclusions du rapport pourraient être obsolètes, dans la mesure où le prix de la mémoire physique (DRAM) a chuté récemment, ce qui favorise les environnements de virtualisation à haute performance. En novembre, DRAMeXchange, un spécialiste du marché de la mémoire, a constaté que l'amélioration des rendements résultants des nouvelles technologies, combinée à une baisse de la demande de la part des consommateurs, a fait fortement baisser le prix de la DRAM. Il note ainsi qu'un module de 2 Go de DDR3 dont le prix tournait autour de 46,50 dollars US en début d'année, peut être acheté pour seulement 20 dollars US aujourd'hui. La mémoire ECC utilisait sur les serveurs est toutefois 3 fois plus cher. En outre, un récent rapport fait par la Deutsche Bank sur cette industrie indique que les prix de la mémoire ne sont pas susceptibles d'augmenter à nouveau avant la seconde moitié de 2011. Celui-ci dit même que les prix risquent de descendre encore plus bas à court terme. Autrement dit, il n'y a jamais eu de meilleur moment pour investir et rendre son environnement de virtualisation plus performant. Mais il faut garder à l'esprit que le marché de la DRAM a toujours eu tendance à osciller comme un yo-yo. Les usines brûlent toujours quant les prix sont à la baisse. L'année prochaine, le contexte pourrait être différent et plus difficile.

Illustration : Barrette mémoire ECC Kingston, crédit D.R.