Pointblog ferme de nouveau ses portes, et cela semble définitif cette fois. Ce blog qui suit depuis 2003 l'actualité des blogs - et plus généralement des médias et du Web 2.0 - n'a jamais réussi à élaborer un modèle économique viable. Ou plutôt, précise Gille Klein, collaborateur de la première heure et rédacteur en chef du site depuis un an et demi, « Pointblog n'est pas mort parce qu'il n'était pas viable, mais à cause d'une mauvaise gestion, ce qui laisse un sentiment de frustration de gâchis ». Gilles Klein a d'ailleurs décidé de continuer l'aventure sous un autre nom : LeMondeDuBlog.com, qui héberge ses anciens billets (« près de 2800 sur les 3849 billets que comptait Pointblog »), et sur lequel il publie de nouveau tous les jours. L'aventure Pointblog aura fait couler beaucoup d'encre (virtuelle), et se règle aujourd'hui à coups d'assignations en justice. Le site a été lancé en 2003 par Cyril Fiévet et Emily Turretini. Cyril Fiévet tient la rédaction jusqu'en début 2005, date à laquelle il décide de s'associer avec Christophe Ginisty, par ailleurs cofondateur et directeur d'une agence de relations presse spécialisée dans les nouvelles technologies. Christophe Ginisty explique sur son blog que l'accord est signé en février 2005 : la SARL Pointblog est créée. Elle s'associe rapidement à un imprimeur et éditeur marseillais, Astrolabe, afin de lancer un magazine papier, Netizen. Les premières dissensions entre les responsables de l'aventure apparaissent rapidement. La soirée de lancement de Netizen, transformée en grande fête des blogueurs, est ainsi mal vécue par Gilles Klein. Quant au PDG d'Astrolabe, il doit avoir peu goûté la soirée puisque Christophe Ginisty, qui avance qu'un budget de 20 000 euros aurait été alloué pour la soirée, explique n'avoir pas été réglé par son associé. C'est le début des histoires d'argent, « Cyril et ses collaborateurs ne sont pas payés ou en retard », explique Gilles Klein, qui prend alors la rédaction en chef du site. L'hébergeur prononce la fermeture définitive Netizen ferme ses portes après trois numéros, faute d'annonceurs et de ventes en quantité suffisante, et Cyril Fiévet quitte la société - tout en restant actionnaire. Quelques mois après, excédé, il coupe l'accès au site Pointblog, expliquant alors : « Toute l'année 2005, l'ensemble des collaborateurs de Pointblog ont dû se battre pour être payés, moi compris. Des dizaines de mails en attestent. En moyenne, les collaborateurs de la société ont été payés avec 2 à 3 mois de retard, quand ils ont été payés. » Gilles Klein avance de l'argent afin de régler quelques factures, et le site reprend. Christophe Ginisty explique alors qu'il veut arrêter les frais, mais qu'il accède à la demande de Gilles Klein de continuer l'aventure. Pointblog survit donc. L'autre coup de semonce vient il y a quelques jours de l'hébergeur. « Il m'a dit ne pas avoir été payé depuis avril 2006, et avoir engagé une procédure, raconte Gilles Klein. J'ai alors acheté le nom de domaine LeMondeDuBlog à tout hasard. » Aujourd'hui, le créateur du site dit n'avoir aucune intention « à mon âge, de me transformer en patron de presse ». « Pour le moment, je n'attends pas de revenus au titre du blog », dit-il. Christophe Ginisty, qui s'est depuis engagé dans une autre aventure (Internet sans frontières), ne dit pas sur son blog s'il compte donner une suite à Pointblog, et nous n'avons pas réussi à le joindre à l'heure de la publication de cet article. Mise à jour du 28 novembre 2007 : Christophe Ginisty, que nous avons joint au téléphone, estime de son côté que la viabilité du site dépend en grande partie de son design. « Une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas eu de ressources tient au fait que je n'ai jamais réussi à changer le site profondément, dit-il. Il avait un look épouvantable et une ergonomie qui ne correspond pas à ce qu'on peut trouver aujourd'hui sur un site d'informations. » Or, dit-il, Cyril Fiévet a fait en sorte qu'il ne puisse toucher au domaine (lorsque la crise a éclaté au grand jour, Cyril Fiévet a en effet expliqué qu'il en était arrivé là en dernier recours pour obtenir des arriérés de salaire). C'est la raison pour laquelle il a annoncé à Gilles Klein, il y a environ un an, vouloir fermer le site. « Même si le contenu était de qualité, je ne voulais pas alimenter [pécuniairement, NDLR] quelque chose qui ne ressemblait à rien. » Le cofondateur de Rumeur Publique dit encore se battre actuellement, via des moyens judiciaires, pour recouvrer ses droits.