La première, intitulée «International Differences in Information Privacy Concern: Implications for the Globalization of Electronic Commerce», s'est intéressée à trois facteurs susceptibles d'expliquer les perceptions différentes à l'égard de la sphère privée: les valeurs culturelles, la pratique d'internet et la volonté des institutions politiques. En sondant 534 usagers dans 38 pays, les chercheurs ont découvert deux éléments d'explication. Tout d'abord, plus la culture d'un pays a une forte dimension individualiste, moins les personnes se sentent concernées par le caractère privé de leurs informations. D'autre part, les citoyens de pays disposant déjà de fortes régulations en matière de protection de la sphère privée sont plus favorables à davantage de régulations.

Dignité vs. liberté Plutôt que d'interroger les utilisateurs, James Whitman, professeur de droit comparé à l'Université de Yale, s'est penché sur les différences de perception de ce qui est privé de part et d'autre de l'Atlantique. Il constate ainsi qu'il n'existe pas de conception universelle de la privacy. Les Européens s'offusquent par exemple des affaires privées médiatisées aux Etats-Unis - on peut penser à l'affaire récente de l'ancien patron du FMI - ou du fait que les Américains parlent librement de leur salaire. Aux Etats-Unis par contre, la nudité publique ou le fait que des inspecteurs publics puissent pénétrer dans un domicile privé sont vus comme hautement problématiques.

Pour le professeur de droit, ces différences s'expliquent dans la conception de la privacy. Chez les Européens, celle-ci serait avant tout une affaire de protection de la dignité personnelle. Les personnes ont le droit de contrôler leur image publique et donc de décider qui voit quoi et quand sur leur compte, en particulier dans les médias. En revanche, pour les Américains, la privacy serait une question de liberté - de liberté contre l'Etat. La sphère privée étant considérée comme la liberté envers les possibles intrusions des gouvernements dans l'enceinte du domicile. «D'un côté, un vieux continent dans lequel il est fondamentalement important de ne pas perdre la face, de l'autre, un jeune continent dans lequel il est fondamentalement important de préserver le foyer comme une citadelle de souveraineté individuelle.» Une citadelle bien mise à mal par le Patriot Act et les attaques contre le secret bancaire, devrait-on ajouter.