Il faudra encore du temps avant l’émergence de systèmes d'informatique quantique utiles, mais cela n'empêche pas certains DSI d'explorer cette technologie qui promet des gains de puissance inégalés. C’est le cas notamment de la compagnie aérienne Delta Airlines, de l’assureur de santé Anthem, de la banque d’investissement Goldman Sachs et du groupe financier Wells Fargo. Ces quatre entreprises ont récemment adhéré au Q Network d'IBM pour participer, avec plus de 100 autres entreprises, à des tests d’applications pratiques de l'informatique quantique. L’annonce a été faite mercredi par IBM au CES de Las Vegas 2020 (7 au 10 janvier). Delta Airlines s’intéresse à l’apport de l'informatique quantique dans le domaine du transport, comme l’a indiqué son DSI, Rahul Samant. Anthem cherche une solution pour exploiter son stock de données de santé afin de proposer des options de traitement personnalisées ou améliorer les prévisions dans ce domaine.

Des apports prometteurs

Certaines entreprises utilisent déjà la plateforme quantique d'IBM pour résoudre des problèmes réels. C’est le cas notamment du constructeur automobile Daimler, qui s’appuie sur l'informatique quantique pour modéliser le comportement des molécules contenant du lithium. Son objectif est de développer des batteries plus performantes pour les véhicules électriques. Même s'il est aujourd’hui plus rapide d'effectuer ce genre de calcul sur des ordinateurs conventionnels, Daimler et IBM se préparent au jour où l'informatique quantique sera pleinement opérationnelle.

Il faudra certainement du temps pour en arriver là. Mais il est important que les DSI suivent ce qui se passe dans ce domaine pour comprendre les apports possibles de cette informatique du futur. Dans le monde quantique, la programmation sera fondamentalement différente du développement utilisé pour les machines conventionnelles. Elle impliquera des environnements de développement, des langages et des algorithmes entièrement nouveaux. Ces algorithmes quantiques ne pourront pas résoudre tous les problèmes informatiques actuels, mais concernant les problèmes qu'ils pourront résoudre, les dispositifs quantiques, une fois viabilisés, auront un avantage significatif sur les machines conventionnelles.

Les DSI peuvent dès maintenant travailler avec les équipes de R&D et d'ingénierie pour savoir s’ils pourront mieux traiter certaines charges de travail en adoptant une approche quantique. Le réseau Q Network d'IBM offre aux entreprises un bac à sable dans lequel elles peuvent faire leurs expériences. Et ce n’est pas la seule option. D’autres fournisseurs mènent des initiatives comparables dans le cloud : c’est le cas d’Amazon Braket d’AWS et d’Azure Quantum de Microsoft. Google effectue aussi des recherches en informatique quantique, mais, malgré quelques avancées, l’entreprise ne propose toujours pas de service quantique hébergé sur sa plateforme cloud.

Des simulations, pour l'instant

La poignée d'ordinateurs quantiques actuels a des besoins en refroidissement très inhabituels. Mettre en place un datacenter refroidi à l'azote liquide, n’est pas à la portée de tous ! C'est pourquoi les services quantiques dans le cloud sont un bon moyen de démarrer. Cependant, les DSI peuvent aussi passer par la simulation pour expérimenter l'informatique quantique. Il existe aujourd’hui plusieurs simulateurs d'informatique quantique pouvant tourner sur des serveurs classiques. C’est le cas de Quantum Computing Playground de Google accessible en ligne, ou du service Q Cloud d’IBM. Et l’entreprise informatique française Atos vend un bundle matériel et logiciel appelé Quantum Learning Machine. Mais si vous aviez dans l’idée de construire votre propre simulateur, sachez qu’il faut des milliers de nœuds de traitement et des téraoctets de mémoire pour simuler un ordinateur quantique, même dans le cas des systèmes assez primitifs d'aujourd'hui.