Destinés à permettre d'éteindre un site ne respectant pas les droits d'auteur, les projets de loi américains SOPA (Stop Online Piracy Act) et PIPA (Protect IP Act) sont dans le collimateur de nombreux acteurs du web. Ceux-ci expriment depuis plusieurs semaines leur crainte que les législations votées la semaine prochaine ne compromettent le fonctionnement d'internet, la liberté d'expression et l'innovation. Afin de sensibiliser l'opinion à leur cause, plusieurs géants de la toile - parmi lesquels Google, Facebook et Amazon - avaient menacé ces derniers jours de coordonner l'interruption de leurs services pendant 24 heures. 

Ce blackout annoncé ne semble toutefois pas mobiliser ses instigateurs, malgré la promesse du site dédié sopastrike.com que le 18 janvier serait une «journée étonnante». Si plusieurs sites, comme Wikipedia (en anglais), Wordpress ou celui du parti pirate suisse ont effectivement noirci leurs pages, Facebook et Amazon n'ont rien fait, tandis que Google s'est borné à mettre un bandeau sur sa homepage américaine sans pour autant interrompre son service de recherche.

Risque de s'aliéner les utilisateurs Pour des questions de priorités sans doute, de nombreux sites ont préféré au final ne pas participer à l'opération de blackout, par crainte de se mettre leurs utilisateurs à dos. Ceux-ci auraient sans doute peu apprécié d'être pris en otage, qui plus est s'ils résident hors des Etats-Unis et n'ont aucun poids démocratique dans le débat en cours. Patron de Twitter, Dick Costolo, a ainsi expliqué son refus de participer à l'opération car «la fermeture d'une entreprise globale en réaction à une seule question de politique nationale est stupide». Wikipedia, qui a en revanche choisi d'interrompre son service en anglais, s'est vu reprocher de ne pas respecter la neutralité de point de vue qu'elle défend. Jimmy Wales, fondateur de l'encyclopédie en ligne a rétorqué que «l'encyclopédie est neutre, mais la communauté n'a pas à l'être, pas quand l'encyclopédie est menacée».

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