Le débat est toujours vif sur la technologie de la reconnaissance faciale. Que ce soit au Parlement ou auprès des autorités de régulation comme la Cnil, la technologie crispe les partisans des libertés individuelles. Un artiste italien, Paolo Cirio, a décidé d’apporter sa contribution à la discussion en misant sur la provocation.

Le projet, baptisé Capture, comprend la création d’une base de données avec 4 000 visages de policiers français en invitant les internautes à identifier les visages des agents. L'utilisation d'un véritable logiciel de reconnaissance faciale n'est pas établie, malgré les dires de l'artiste. Cette performance est disponible sur le site capture-police.com. Pour cela, Paolo Cirio a récupéré 1 000 photos publiques d'agents de police prises lors des manifestations en France et les a traitées avec un logiciel de reconnaissance faciale pour profiler plus de 4 000 visages d'agents. Dans un communiqué, il est précisé que les photos « ont été prises dans l'espace public, soit trouvées sur l'Internet public, soit acquises auprès de membres de la presse ». Une manière de répondre à d'éventuelles représailles juridiques. Et de faire le parallèle avec la start-up Clearview AI qui propose de la reconnaissance faciale grâce à sa gigantesque base de données (3 milliards de visages enregistrés) construite à partir de profils glaner sur les médias sociaux.

Une pétition pour bannir la reconnaissance faciale en Europe

Avec ce projet, complété par une campagne d’affichage dans les rues de Paris, Paolo Cirio veut alerter sur les usages et les abus de la reconnaissance faciale. Une pétition accompagne l’initiative artistique pour demander l’interdiction de cette technologie en Europe. « L'absence de réglementation sur la protection de la vie privée d'une telle technologie peut éventuellement se retourner contre les mêmes autorités qui en recommandent l'utilisation », souligne le communiqué.

Reste à connaitre les suites juridiques de cette « provocation artistique » quand on connait la sensibilité des intéressés et celle du ministère de l’Intérieur. Interrogé sur cette initiative, ces derniers n’ont pas répondu à l’heure où nous terminions l’article. L’artiste n’en n’est pas son coup d’essai en se définissant comme un hacktiviste avec des performances focalisées sur le monde numérique. En 2005, il avait créé le programme Gwei (Google will eat itself) qui avait pour but de racheter Google via son propre outil publicitaire. Une autre initiative en 2014 taclait l’évasion fiscale en publiant la liste des 200 000 compagnies enregistrées aux îles Caïmans et en proposant d’acquérir des contrefaçons de certificats d’incorporation (création d’entreprises) pour 99 cents.