Entretien avec Laurent Claeys, DSI de la ville de Dunkerque, qui participe au salon de l'emploi public qui s'est tenu du 9 au 11 mars à Paris. Laurent Claeys est à la tête d'une direction des systèmes d'information de 21 personnes et d'un parc de 1200 PC ( 1000 à la mairie et 200 dans les pôles informatiques liés aux écoles). Dématérialisation, logiciels libres, SIG, il fait le point sur ses projets et sur les besoins de compétences informatiques des collectivités, à la fois techniques, relationnelles et administratives. Lemondeinformatique.fr : Comment est organisée la direction des systèmes d'information ? Laurent Claeys : elle est structurée en quatre équipes. La première est centrée sur le déploiement des applications NTIC. Elle comprend des chefs de projets ayant des spécialités à la fois métier et applicatives. La deuxième équipe est en charge du support technique matériel et logiciel via un centre d'appels interne et des interventions des techniciens support. La troisième traite l'administratif, assure le suivi comptable, budgétaire et le traitement des appels d'offre. La dernière est dédiée à architecture des systèmes, l'administration et à l'exploitation des serveurs et des réseaux. Quels sont les grands chantiers informatiques de la ville ? L'un de nos chantiers concerne la dématérialisation. Il poursuit deux objectifs, faciliter les démarches des administrés et accroître l'efficacité de nos services. Il concerne par exemple les documents d'état civil et ceux que nous adressons à la trésorerie générale et à la préfecture. C'est un axe prioritaire comme pour toutes les collectivités. Nous avons parallèlement en projet la mise en place avec la communauté urbaine de Dunkerque, d'un Système d'information Géographique (SIG), entre autres pour la gestion du patrimoine, qui fédérera les informations contenues aujourd'hui dans un patchwork d'applications métier. C'est un vaste projet. A la mairie, nous avons par ailleurs quatre migrations en cours : les mises à jour de nos logiciels financier (GFI), de paie et ressources humaines (Sedit Marianne) et de gestion des bibliothèques (Ever) et le changement de notre applicatif de gestion de la restauration scolaire, de l'éducation et des sports. Nous avons également une volonté de privilégier les logiciels libres aux solutions propriétaires lorsque nous trouvons des applications stables et pérennes, pour les intégrer à notre système d'information. A Dunkerque, nous souhaitons d'ailleurs travailler avec l'association Adullact, qui propose de faire l'intermédiaire entre nous et les communautés du logiciel libre. Quelles compétences techniques sont nécessaires pour participer à ces projets ? Il y a plusieurs types de profils : des personnes ayant eu une expérience - qui a pu être acquise en stage- dans l'échange de données informatiques, dématérialisées et les portails web, ou des informaticiens avec des connaissances sur les architectures ouvertes (trois tiers), la mise en place de solutions intégrées, d'applications web sécurisées et/ou d'applications métiers liées aux collectivités sur ces architectures. Cela peut être par exemple des informaticiens qui ont participé à un projet d'interconnexion de bibliothèques, d'échanges de catalogues électroniques, etc. Globalement, nous avons des besoins de compétences métiers et en architecture systèmes plutôt qu'en développement. Notre rôle est de déployer et d'intégrer des solutions développées à l'extérieur, non pas d'en concevoir. Qu'attendez-vous comme compétences complémentaires chez vos futurs collaborateurs, notamment ceux qui vont intervenir sur les projets transverses? Nous attendons qu'ils puissent être à l'écoute des utilisateurs, comprendre et répondre à leurs attentes. La DSI et les agents doivent en effet travailler ensemble sur les solutions adaptées au projet et donner du sens à la façon de déployer le système. Les informaticiens ont pour rôle de proposer des solutions en fonction de contraintes et d'opportunités technologiques mais aussi métiers. Pour faciliter les échanges sur les projets, nous avons d'ailleurs identifié 50 « domaines métier » au sein de la mairie afin que les représentants de la DSI puissent avoir un référent aux côtés des directions métier et vice-versa sur les projets. Nous avons aussi besoin de compétences administratives pour traiter les appels d'offre. J'ai eu l'occasion de discuter avec des homologues sur ce sujet et nous avons tous le même difficulté à absorber le volume d'appels d'offre à réaliser. Cela conduit parfois à retarder le démarrage de projet. A Dunkerque, nous avons par exemple quelque 120 dossiers de renouvellements de logiciel à traiter par an et autant d'appels d'offre. Pour nous aider à les prendre en charge, nous avons besoin de personnes ayant des compétences sur les procédures des marchés publics avec un vernis informatique. Comment convaincre les jeunes informaticiens de rejoindre les collectivités locales ? Nous travaillons dans des domaines novateurs. Les systèmes d'information géographique et la géomatique vont être très présents dans les projets des collectivités. Beaucoup d'informations liées à leurs métiers et à ceux des communautés de communes peuvent en effet être traitées via des SIG, celles liées au cadastre, à la gestion de patrimoine, issues de la police municipale, de la voirie, etc. De la même façon, jusqu'à présent, les systèmes d'informations des différentes directions dans les collectivités n'étaient pas forcément intégrées. Aujourd'hui, nous allons réaliser cette intégration grâce aux architectures trois tiers web et la réunion des applications à travers des portails web. C'est un terrain encore relativement vierge dans les collectivités et une vraie opportunité de déployer des compétences sur des technologies attractives.