Diverses études confirment ce constat. En France, l’intérêt des jeunes filles pour les filières IT semble toujours au point mort alors que les entreprises du secteur manquent de bras. Cette fois, la sous-représentation de la population féminine dans les filières scientifiques, informatiques et numériques est mise en évidence par le centre francilien Hubertine Auclert pour l’égalité femmes/hommes. Afin d’expliquer ce phénomène, une étude a été menée dans cinq lycées d’Île-de-France entre septembre 2018 et septembre 2021, au moment de la mise en œuvre de la réforme du baccalauréat. Selon les résultats, le verdict est une fois encore sans appel. En première, seules 2,5% des filles choisissent l’enseignement Numérique et Sciences Informatiques (NSI) contre 15% des garçons. En terminale, les filles qui ont conservé cet enseignement représentent moins de 1% de l’ensemble des lycéennes contre 7% des garçons. Les raisons de ce manque d’attrait des lycéennes pour les technologies ? D’abord, une perception stéréotypée et genrée de ces dernières pour la profession d’informaticien, considérée comme un domaine « d’hommes ».

La sous -représentation des femmes dans les secteurs IT s’expliquerait donc par des goûts propres à chacune et par l’auto-censure dont elles feraient preuve dès le lycée, souligne le rapport. De plus, alors même qu’elles sont touchées par les mêmes canaux d’initiation et qu’elles développent les mêmes motivations que les garçons, les filles qui font le choix de l’informatique et du numérique au lycée sont bien plus nombreuses que les garçons à l’abandonner, au cours de ces « années lycée ». Entre la 1ère et la Terminale alors qu’il est demandé aux élèves d’abandonner l’un de leurs trois enseignements de spécialité, les filles abandonnent plus fréquemment que les garçons les mathématiques (taux d’abandon de 50 % chez les filles contre 30 % chez les garçons), les sciences de l’ingénieur (taux d’abandon de 70 % chez les filles contre 64 % chez les garçons) et la spécialité Numérique et sciences informatiques (taux d’abandon de 66 % chez les filles contre 51 % chez les garçons).

Sensibiliser les enseignants pour mieux orienter 

De ce fait, l’étude soulève un point crucial. Celui de l’expérience de l’informatique au lycée qui, paradoxalement, semble participer à l’exclusion des adolescentes de cette filière. En conséquence, agir sur les représentations genrées du monde du travail qui sont portées par les élèves est une première étape mais ne suffit pas pour lever efficacement les freins à l’orientation des filles vers les filières techniques. Dans cette optique, le rapport a permis de dresser différentes recommandations. Objectifs ? Augmenter la part de filles choisissant et se maintenant dans les enseignements scientifiques et numériques. En parallèle, des pistes seront étudiées afin d’accompagner des élèves dans leur processus d’orientation.

Parmi celles-ci,  le renforcement de la formation des personnels enseignants pour lutter contre les pratiques sexistes et les visions stéréotypes des métiers IT constitue l'une des priorités de l'organisme pour renforcer les disparités entre les filles et les garçons. Ces recommandations sont complémentaires du plan d’action proposé dans le rapport Faire de l’égalité filles-garçons une nouvelle étape dans la mise en œuvre du lycée du XXI e siècle remis au ministre de l’Éducation nationale en juillet 2021.