Tandis que l’élection présidentielle approche à grands pas, Syntec Ingénierie publie une liste de propositions pour « miser sur l’innovation et l’excellence technologique pour concevoir un avenir durable ». Elles concernent quatre grands domaines que sont l’industrie, l’énergie, le climat et la formation. L’objectif : promouvoir, au travers le travail et la place des entreprises d’ingénierie dans le paysage français. « Ces dernières jouent un rôle décisif dans la mutation de notre économie à travers une activité de service à haute valeur ajoutée, qui représente près de 312 000 collaborateurs dans près de 70 000 entreprises. Elles exercent dans des secteurs liés à la construction (infrastructures de transport, bâtiment, environnement, gestion de l’eau, géotechnique…) et à l’ingénierie industrielle (automobile, énergie, aéronautique, ferroviaire, etc.) ».

Faire de la France un pays à la pointe en matière de technologie et de transition écologique devrait donc devenir la priorité du prochain quinquennat, selon Syntec. « A l’heure des grandes transitions, nous avons plus que jamais besoin de matière grise, d’experts capables de penser le progrès. Qu’il s’agisse de souveraineté énergétique, de relocalisation industrielle ou d’adaptation au changement climatique, de nombreuses solutions existent. A trois mois des présidentielles, les entreprises d’ingénierie soumettent aux candidats des réponses concrètes et efficaces aux grands défis que traverse notre société » a déclaré Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie.

10 propositions pour l'industrie, dont la relocalisation et le développement des compétences

Syntec-Ingénierie s’attaque à l’industrie et lui consacre 10 propositions. Selon la fédération, il s’agit de créer un pacte de confiance dans le secteur entre donneurs d’ordre et PME sous-traitantes. Pour cela, elle souhaite :

- Promouvoir plus largement le label Relations fournisseurs et achats responsables en suivant les préconisations du récent rapport du Médiateur des entreprises (conférer une base juridique solide au label afin de sécuriser ses conditions d’attribution, accompagner les entreprises par des mesures incitatives, faire évoluer le référentiel du label pour renforcer la responsabilité des labellisés en matière de délais de paiement, etc.).

- Faire de l’État, à la fois maître d’ouvrage et actionnaire de plus de 80 entreprises, un acteur exemplaire en matière d’achats responsables, en l’incitant à s’engager vers une labellisation Relations fournisseurs et achats responsables.

- Cibler les aides aux filières en direction de chaque maillon de la chaîne, en rendant éligibles les ingénieries externalisées dans le cadre de consortiums relevant d’appels à projets lancés par l’État au niveau national ou régional.

- s’appuyer sur les écosystèmes d’innovation territoriaux (pôles de compétitivité, clusters, …) pour restaurer la confiance entre donneurs d’ordre et sous-traitants.

Dans un second temps, la France doit s’adapter à la nouvelle donne industrielle, selon le Syntec-Ingénierie.

- Lancer un programme spécifique relatif à l’Industrie du futur 5.0, en y associant un plan de développement des compétences.

- Adosser les dépenses d’ingénierie visant à moderniser l’outil industriel à un dispositif de suramortissement des investissements, afin d’accélérer la mutation de notre industrie

- Créer un ministère de l’Industrie indépendant du ministère des Finances, et intégrant pleinement l’ingénierie industrielle, afin de permettre une approche globale des politiques industrielles et des innovations apportées par l’ingénierie.

- Intégrer l’ingénierie au sein des comités stratégiques de filière, afin de faciliter la prise en compte des enjeux d’innovation.

Enfin, la fédération souhaite relocaliser les entreprises et ne pas faire fuir les talents. Ainsi, elle propose de :

- Sanctuariser le crédit impôt recherche (CIR) et déplafonner le montant des dépenses sous-traitées à des organismes agréés ayant un SIREN français, et maintenir, voire baisser le plafond pour les sociétés agréées européennes.

- Elargir aux services, le mécanisme dédié aux fournitures permettant sous certaines conditions de mettre en place une préférence européenne dans les marchés publics (article L. 2153-2 du Code de la commande publique), lors de la révision des directives marchés publics.

Energie : encourager le couple nucléaire-hydrogène

« Préserver notre souveraineté et répondre aux nouveaux besoins ». Syntec-Ingénierie entend ici présenter une énergie à la fois propre et peu onéreuse. Il s’agit donc de :

- Développer une énergie à la fois propre et à prix abordable, en revoyant les règles du marché européen de l’électricité et en soutenant le nucléaire.

- Accompagner l’énergie nucléaire du futur. Syntec-Ingénierie plaide ainsi pour lancer des nouveaux réacteurs nucléaires au plus vite, accélérer la transition digitale du secteur et investir massivement dans les programmes de recherche en matière de réduction des déchets nucléaires.

- Faire de la France le champion mondial de l’hydrogène bas-carbone, en encourageant le couple nucléaire-hydrogène ou encore en lançant une série de « grands projets hydrogène » à l’échelle nationale.

Déployer le référentiel « Former l’ingénieur du XXIe siècle aux enjeux socio-écologiques » 

Sans surprise, directement concerné, le Syntec-Ingénierie s'attaque aussi au défi du changement climatique, en proposant de :

- Faire de la commande publique un levier de la lutte contre le changement climatique, en particulier en accélérant l’application des mesures prévues au sein de la loi Climat et résilience dans le cadre de la commande publique, et en définissant des standards élevés dépassant le cadre actuel des marchés publics pour une commande publique plus vertueuse écologiquement.

- Placer les enjeux de la transition écologique au coeur des formations scientifiques et techniques. Pour Syntec-Ingénierie, il conviendrait de valoriser et déployer le référentiel en cours d’élaboration « Former l’ingénieur du XXIe siècle aux enjeux socio-écologiques » au sein de l’ensemble des écoles d’ingénieurs sous tutelle de l’État

- Rendre nos bâtiments plus sobres en les adaptant aux besoins des populations. Cela passera par l’intensification des financements en faveur de la rénovation énergétique, ou encore un investissement plus large dans la recherche des matériaux bio-sourcés.

- Développer les mobilités propres pour assurer la desserte de tous les territoires. Syntec-Ingénierie propose ainsi de poursuivre les investissements au service du ferroviaire et d’accompagner les aménagements visant à réguler la circulation entre le centre-ville et la périphérie et favorisant l’intermodalité.

- Rendre nos territoires moins vulnérables et plus résilients, notamment en intégrant l’adaptation au changement climatique dans les politiques publiques et dans les outils réglementaires et de planification.

Former les scientifiques de demain

Pour accompagner les talents de demain, Syntec-Ingénierie propose de :

- Préserver l’excellence de la filière d’ingénierie, en lançant un plan « Ingénieur 2030 » visant le recrutement de 50 000 ingénieurs par an et le renforcement des masters scientifiques masters scientifiques d’ici à 2030.

- Adapter la formation des jeunes issus des filières scientifiques et techniques aux besoins des entreprises. Pour ce faire, Syntec-Ingénierie propose de renforcer, voire rendre obligatoire l’immersion en entreprise post-bac par l’alternance et d’ouvrir aux diplômés bac+2 et bac+3 de la filière scientifique la possibilité d’entreprendre une formation dans les 5 ans suivant leur première embauche pour leur permettre d’accéder au titre d’ingénieur.

- Favoriser une plus grande ouverture sociale des filières scientifiques et techniques longues, via un renforcement du dispositif des Cordées de la Réussite.

- renforcer la féminisation des filières scientifiques et techniques, en lançant sous le pilotage du ministère de l’Éducation nationale une campagne de sensibilisation dès le collège ou encore en fixant un objectif minimal de mixité national.