Le confinement et l'état d'urgence sanitaire annoncés à cause de la crise mondiale du Covid-19 qui s'abat sur la planète ont de terribles répercussions. Aussi bien sur le plan humain, qu'économique que d'un point de vue de la sécurité informatique. Outre des risques de saturation des réseaux et la montée en puissance des cyberattaques, les conséquences de la propagation du SARS-CoV-2 obligent et contraignent les entreprises à adapter leur fonctionnement et leur organisation en privilégiant autant que faire se peu le travail à distance. Une profonde mutation auxquelles les directions des systèmes d'information n'échappent pas.

« Dès le 19 mars nous avons décidé de mettre l'entreprise au chômage partiel », nous a expliqué Laurent Sifferle DSI et Achat Groupe, Hypromat / Elephant Bleu. « Nos clients laveurs se font verbaliser et les centres en propre sont fermés ». Si l'activité du groupe est très limitée, des activités de hotline technique et d'assistance aux utilisateurs reste ouverte pour les centres franchisés. « Les projets SI ont été mis en stand by. Nous avons tous les outils mais ce n'est pas le problème, comme l'activité de l'entreprise est arrêtée en termes de rentrée d'argent, on se met sous la protection de l'Etat pour continuer ». Aujourd'hui, le groupe estime que son activité tourne à 15%. « Je continue à recevoir les factures fournisseurs, on continue à maintenir le lien avec eux, il n'est pas rompu mais plus distant ».

Des difficultés pour appréhender la communication non verbale

Du côté du réseau de cliniques du groupe Elsan, le son de cloche est quelque peu différent et l'activité peut se poursuivre. « Je fonctionne déjà beaucoup en télétravail mais je passe quand même un peu de temps en clinique. Les outils de télétravail sont déjà largement déployés et démocratisés », nous a indiqué Betrand Spenle, DSI d'Elsan. Pour le moment, Zoom est utilisé et Teams est en test en particulier pour l'usage des équipes systèmes et support. « Depuis le confinement j'utilise 60-70% du temps la visioconférence et le chat contre 30-40% auparavant ». La situation oblige à être très attentif à la sécurité des systèmes d'information mais ce n'est pas le seul changement notable. « Ce qui change beaucoup c'est l'approche managériale, on ne manage pas du tout de la même façon, on ne ressent pas la perte de temps, ce qui est compliqué est dans la communication non verbale », analyse Bertrand Spenle.

Les attitudes et le ressenti émotionnel est en effet un paramètre qui fait parti intégrante des échanges humains en présentiel. « Il faut être attentif, par exemple dans une discussion animée il va manquer des choses à distance, il faut donc en tenir compte dans l'analyse. Je conseille aux travailleurs de bien gérer leur temps, de se ménager des périodes de repos. En télétravail, l'organisation est rythmée par des réunions mais il faut aussi se ménager et prendre du temps pour des réflexions sur des sujets de fond », souligne le DSI du groupe Elsan. Essayer de tirer parti du confinement et faire contre mauvaise fortune bon coeur est ainsi mis en avant au sein des cliniques dont le DSI est persuadé qu'il y aura un avant et un après sur le télétravail : « C'est évident », clame le responsable. « Cela ira jusqu'à la remise en cause des modes de vie qui sont impactées, pas que professionnels, mais la façon de vivre, de consommer... ce sont des questions que l'on se pose ».

Un lien avec toutes les équipes impératif à maintenir 

Avec cette crise du coronavirus, les entreprises voient forcément le business se réduire à peau de chagrin pour certaines, avec des rentrées de cash moindres et une masse salariale nécessairement à financer obligeant à figer l'activité. « Les deux premiers jours la quasi totalité des équipes était en télétravail puis aujourd'hui cela ne concerne aujourd'hui pas plus de 15% des équipes », nous a expliqué un DSI sous couvert d'anonymat. « J'ai figé un certain nombre d'investissements, de projets et de prestations, comme convenu avec un certain nombre de nos fournisseurs. Il y a de la compréhension et ils comprennent d'autant mieux que c'est du pilotage, qu'il n'y a pas d'hypocrisie, pour être en meilleure capacité de repartir ».

« Chaque matin on est en visio avec le reste de l'équipe de direction pour un point sur l'activité et partager nos actions de pilotage », nous a indiqué Mehdi Baghdadli, DSI et CTO d'Allopneus.com. « Il y a toujours les deux temps, tactique et stratégique, mais habituellement on a 30% de sujets long terme et le reste sur des sujets de moins de 6 mois, alors qu'actuellement 95% des efforts visent des objectifs à moins de 6 mois. La situation crée un rééquilibrage qui nous amène logiquement à revoir nos objectifs, les moyens et la répartition de charge. Il est important de maintenir un lien avec toutes les équipes, celles qui télé-travaillent mais aussi celles qui sont en chômage technique, pour prendre le pouls et leur permettre de voir que le rythme cardiaque de l'entreprise bat encore ». Faire comprendre à la base qu'il y a bien un pilote dans l'avion même en cas de grave turbulence, voilà sans doute l'un des messages essentiels - voir vitaux - que les entreprises tentent en ce moment de passer.