« Nous n’équipons pas l’analyste qui explore sa base de données, formé à la manipulation d’un outil et qui répond aux requêtes faites par des tiers. Nous équipons des néophytes », expose Kilian Bazin, co-fondateur avec Charles Miglietti de l’entreprise Toucan Toco, spécialisée dans la visualisation de données. Les small apps analytiques créées avec le studio de développement maison sont destinées « aux métiers dans les grandes organisations, qui ne sont pas formés à l’utilisation d’un outil et qui se posent des questions récurrentes ». Si l’offre, actuellement mise à profit par 70 grands comptes et ETI, rencontre quelquefois la concurrence des fournisseurs les plus connus dans l’analyse de données (Tableau, Qlik, IBM Cognos, Oracle BI, etc.), Kilian Bazin assure que Toucan Toco ne fait pas du tout la même chose. Il ne s’agit ni d’un outil d’exploration, ni de self-service BI. S’il faut ranger le produit dans une catégorie, le co-fondateur choisit celle du « data storytelling » (en anglais dans le texte).

« Nous racontons des histoires business », décrit-il. « Alors que nos concurrents s’adressent à des analystes, nous nous sommes placés du point de vue des utilisateurs en leur donnant accès aux histoires de leur métier avec des données régulièrement mises à jour », explique-t-il. « Nous créons des expériences métiers à partir de leurs informations et ce que nous leur mettons dans les mains ressemble à un produit grand public, fluide et mobile, sur l’écran de leur smartphone ou de leur tablette ». Parmi ses clients figurent la banque BPCE, l’éditeur de jeux Ubisoft qui l’utilise pour son marketing marché, ses études de données, le groupe d'immobilier commercial Unibail Rodenco (spécialisé dans les centres commerciaux en Europe) ou encore l’agro-industriel Tereos pour des problématiques financières (consolidation) et sur du pilotage industriel (productivité de ses usines). 

Culture d’entreprise : « Each one teach one »

Le plus souvent, Toucan Toco n’affronte pas vraiment de concurrence lorsqu’il arrive chez ses clients. Il n’y a tout simplement pas d’outil en place. Ou bien, parfois, quelqu’un a essayé « de tout recoder de zéro en interne », relate Kilian Bazin. « Nous nous adaptons à l’organisation qui se trouve en face de nous ». Le projet peut passer par la DSI, par la direction générale ou par des directeurs financiers ou commerciaux. Depuis le lancement de son offre il y a deux ans, la croissance de Toucan Toco est financée par le succès de ses projets. L’entreprise est passée de 2 à 30 personnes. Kilian Bazin et Charles Miglietti sont respectivement directeur général et président de la société. Ils ont démarré leur activité en mars 2014 sur six mois de services consacrés au data journalisme avant d'être rapidement rejoints par le directeur du développement et le directeur commercial. Ces derniers ont contribué à développer la société technologiquement et commercialement autour du produit lancé.

« Notre croissance n’est pas limitée par le business mais par le recrutement », explique Kilian Bazin. « J’aimerais que nous soyons 40 en janvier. Nous sommes capables d’intégrer 10 personnes en quatre mois, mais nous ne sommes pas sûrs de les trouver », ajoute le DG. Dix postes sont ouverts pour des développeurs, « en back et front » (outils utilisés : Python, Angular JS, D3 JS…), des commerciaux de terrain et sédentaires, ainsi que pour des compétences en intégration de logiciels, sur des profils capables de comprendre les besoins des clients et d’en assurer une traduction fonctionnelle plutôt que technique. L’équipe de direction est exigeante sur les profils qui doivent cadrer avec la culture définie par l’entreprise : « each one teach one ». Chacun est encouragé à aider les autres collaborateurs. Les postulants qui font cavalier seul, qui n’expliquent pas, ont peu de chance d’intégrer l’équipe. 

Accompagné par des partenaires et soutenu par Bpifrance

L’éditeur travaille aussi avec des intégrateurs, des cabinets de conseil, des consultants RH qui représentent une partie assez significative de son activité. Les partenaires (dont Eulidia ou MV2) font un premier projet avec lui, l’objectif étant de les rendre autonomes. Le logiciel est commercialisé sur un modèle SaaS avec un engagement sur plus d’un an. Créé sur fonds propres et auto-financé depuis sa création, Toucan Toco vient de recevoir un soutien de Bpifrance qui combine un prêt, une avance remboursable et une subvention. Quoique n’ayant que 2 ans et demi d’existence, la société se décrit plus volontiers comme une entreprise de croissance française que comme une start-up.