Première erreur : faire porter l'essentiel de l'effort sur les opérateurs et les collectivités territoriales. Les opérateurs, qui sont tous des sociétés privées cotées en bourse, ont, pour unique critère, de réaliser des investissements rentables. Ils vont donc se contenter, ce que personne ne peut leur reprocher, d'investir par eux-mêmes ou à plusieurs, dans les seules zones considérées comme rentables. Sans se priver d'encaisser au passage des subventions dont ils n'ont pas besoin puisqu'ils auraient de toute façon investi. Quant aux collectivités, elles sont prises entre deux feux. D'un côté, leurs administrés et les entreprises leur demandent d'accéder à cette infrastructure pour bénéficier des avantages de la société numérique, de l'autre côté, leurs finances sous contraintes les forcent à réduire leur dépenses. Sans oublier que ce sont les collectivités locales les moins riches, situées dans les zones « non rentables », qui auront à supporter en conséquence le plus gros effort financier. C'est la double peine pour ces dernières. Deuxième erreur : croire que les nouveaux réseaux mobiles à « très » haut débit (LTE ou Long Term Evolution) devraient permettre de couvrir les zones qui ne pourront pas être couvertes par la fibre optique et le FTTH. Or le seul critère de couverture mobile porte sur la population. Conséquence, généralement les zones blanches en haut et très haut débit fixes sont (et seront) les mêmes que les zones blanches mobiles ! On n'en sort pas. Certes, le gouvernement promet le lancement d'un satellite à très haut débit pour couvrir ces zones. Mais à quel prix pour l'abonné ? Aujourd'hui, les offres satellitaires complémentaires des accès en xDSL sont commercialisées à plus de 35 €, alors que l'abonné xDSL triple-play (dégroupé) ne paie que 29,90 €. Le risque est donc grand de voir la double fracture, territoriale et sociale, continuer à s'élargir durant la décennie qui vient.