Uber Technologies propose aux services municipaux, aux urbanistes et aux décideurs d’accéder aux données de trajets de sa plate-forme de transport. L’objectif est de leur permettre de mieux comprendre les tendances en matière de circulation urbaine et de les aider à investir dans des infrastructures adaptées afin d’améliorer le trafic dans leurs villes.

Ces propositions devraient probablement permettre à Uber de s’attirer les bonnes grâces des responsables municipaux, même si l’entreprise a refusé les offres d’accès à ses données de certaines villes. New York voulait par exemple récupérer les temps de trajets effectués par ses véhicules afin de vérifier que les conducteurs respectaient la réglementation sur les temps de repos. Mais Uber n’a pas accepté, faisant valoir des clauses individuelles de confidentialité.

450 villes concernées

Dans le cadre de son nouveau programme dénommé Movement, Uber livrera certaines données recueillies sur plus de 2 milliards de voyages effectués dans 450 villes. L’entreprise affirme que toutes les données seront « anonymisées et regroupées par zones géographiques, les mêmes que celles utilisées par les urbanistes des transports pour identifier les secteurs urbains nécessitant de nouvelles infrastructures, comme les secteurs de recensement et les zones de trafic analysées », ainsi que l’ont écrit hier dans un blog Jordan Gilbertson, le directeur produit d’Uber et Andrew Salzberg, son directeur chargé de la politique des transports.

D'autres entreprises de services de transport ont également proposé leurs données aux urbanistes des transports. Cette coopération pourrait ancrer plus fermement ces services dans la planification du trafic urbain. Depuis le mois de décembre, Easy Taxi, qui a démarré ses activités en Amérique latine, Grab qui opère en Asie du Sud-Est et Le.Taxi qui opère en France, ont signé un partenariat avec la Banque Mondiale et d'autres entreprises pour livrer les flux de trafic de leurs conducteurs sous licence libre. Uber a mis en place un site Web pour fournir l'information. Dans un premier temps, l'accès aux données du site ne sera possible que sur invitation, mais l'entreprise promet que par la suite elles seront accessibles gratuitement au public. Les informations du programme Movement sont disponibles sous licence Creative Commons sous réserve d’une utilisation non commerciale.

Un partage déjà effectif

« Parce qu’Uber fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, nous pouvons comparer les conditions de circulation à différents moments de la journée, différents jours de la semaine ou différents mois de l'année. Nous pouvons aussi voir l’impact que peuvent avoir sur les temps de trajet certains événements ou la fermeture de certains axes routiers ou d’autres situations urbaines », ont écrit Jordan Gilbertson et Andrew Salzberg.

Le concept de partage de données agrégées avec les villes est déjà expérimenté par Uber en Australie, où le fournisseur de services de transports s’est associé avec Infrastructure Partnerships Australia pour mesurer l’efficacité des systèmes de transports. Les données d'Uber ont également été utilisées pour analyser l'impact de la panne du Metrorail à Washington DC, le 16 mars de l'année dernière. Cette panne, qui s’était produite en fin de journée à une heure de grande affluence, avait provoqué d’énormes embouteillages dans toute la ville. Enfin, les données d’Uber ont également servi en 2015 à Manille : la ville souhaitait analyser la circulation pendant la période des vacances.

Un suivi des utilisateurs jusqu'à 5 minutes après la course 

Les groupes de consommateurs devraient suivre de près ce transfert de données d’Uber aux autorités municipales. Dans le passé, les utilisateurs avaient contesté la collecte de données par l'entreprise. En décembre de l'année dernière, Uber avait annoncé qu'elle recueillerait les données de localisation des personnes transportées « depuis la commande d’un trajet... jusqu'à cinq minutes après la dépose à destination, si l'application d'Uber tourne en arrière-plan ». Cependant, les utilisateurs ont la possibilité de désactiver ce suivi. En juillet 2015, l’entreprise a modifié sa politique de confidentialité : elle s’autorise à localiser les appareils de ses utilisateurs, même quand ils n'utilisent pas son service et que l'application fonctionne en arrière-plan.