Les DSI habitués aux choix stratégiques comprennent que pour réussir leur transformation digitale et tirer pleinement partie des données big data, les entreprises doivent adopter des fonctions d'analyse de nouvelle génération. Or, l’utilisation de ces fonctionnalités avancées doit s’accompagner d’une gestion reproductible, évolutive et agile des données. Mais, s’ils veulent que les données deviennent le moteur de l'activité et que les entreprises changent leur manière de collecter, stocker, partager et utiliser les informations, les DSI doivent commencer par abattre les silos de données. Comme l’a écrit récemment Graeme Thompson, DSI et vice-président senior d’Informatica, « il n’est plus possible aujourd’hui d‘isoler les données prévisionnelles, les données de ventes, les données de support client et les données de marketing dans des espaces étanches. Nous devons nous affranchir des silos, et au minimum, considérer autrement la place des données ».

Préparer le terrain

Le concept de gestion des données de référence (MDM) n'est pas nouveau. Pendant une décennie et plus, les DSI ont cherché à créer « une source unique de vérité ». Mais depuis, les méthodologies du MDM ont beaucoup évolué. Comme l’explique Informatica, le Master Data Management (MDM) revient à regrouper une série de solutions - l'intégration de données, la qualité des données, la gestion des processus métiers et la sécurité - pour offrir :
- Une vue unique sur les données : c’est un panorama de référence sur les données stratégiques, même si ces données renvoient à des informations disparates, en double et contradictoires.
- Une vue à 360 degrés des relations entre les données : ce sont les règles opérationnelles permettant à ceux qui travaillent avec les données d'identifier les liens entre elles.
- Une vue globale des interactions : c’est un ensemble intégré de toutes les interactions avec une entrée individuelle permettant d’obtenir un profil complet du client.

Selon Scott Taylor, de Dun & Bradstreet, une entreprise américaine spécialisée dans l'édition de données sur les entreprises, les données de références « sont les données les plus importantes de l’entreprise ». « Ce sont les produits qu’elle fabrique et les services qu’elle fournit, ce sont les clients auxquels elle vend ses produits et ce sont ses fournisseurs. C'est la base de ses relations d'affaires et commerciales ». C'est la raison pour laquelle, selon lui, les DSI doivent considérer le MDM comme la pierre angulaire de la transformation digitale. Cette gestion reproductible, évolutive et agile des données va servir de combustible aux analyses de nouvelle génération et elle permettre aux entreprises d’identifier et de saisir de nouvelles opportunités. Comme le fait remarquer Graeme Thompson, « pour être performants, les DSI doivent offrir un accès sécurisé à toutes les données, quel que soit le lieu où elles se trouvent, non seulement en s’assurant de leur qualité, mais aussi en garantissant que ces données sont fiables, dignes de confiance, et disponibles dans un format utile et réutilisable. Ils doivent même envisager qu’elles pourront servir à des usages auxquels elles n’étaient initialement pas destinées ».

C'est ce que fait par exemple le centre médical MD Anderson Cancer Center de l'Université du Texas. En 2012, afin de progresser plus vite dans la lutte contre différentes formes de cancer et améliorer les chances de survie et la qualité de vie des patients atteints de cancer, MD Anderson a lancé le programme Moon Shots. Ce programme regroupe des équipes importantes de cliniciens et de chercheurs de plusieurs disciplines. Pour l’alimenter, MD Anderson a créé une source unique de données longitudinales sur les patients, de données opérationnelles et de données génomiques extrêmement disparates. Les informations extraites de cette source servent à conforter et à orienter la décision clinique et sont utilisées dans l'analyse décisionnelle.

Plus précisément, en agrégeant les données cliniques avec les données de recherche et les données génomiques, puis en s'assurant de leur fiabilité et de leur accessibilité, MD Anderson est capable de récolter et d’analyser des échantillons de patients pour mettre en évidence les signatures génétiques de la maladie. « Les données big data nous permettent de combiner la compréhension du génome avec les soins cliniques du patient », a déclaré le Dr John Frenzel, Chief Medical Information Officer chez MD Anderson. « Si nous parvenons à comprendre la base biochimique des différents types de tumeurs, nous pourrons appliquer la thérapie appropriée à chaque patient ». Et la démarche donne des résultats.