Même si le poste de CDO gagne rapidement en popularité, son apparition dans les organigrammes est encore très récente et les tous nouveaux responsables des données peuvent se trouver en terrain inconnu notamment pour ce qui est des relations hiérarchiques, de leur sphère de responsabilités et des ressources. Sans feuille de route et sans pool de ressources établis, il est essentiel que le responsable des données entretienne rapidement de bonnes relations dans l'entreprise - en particulier avec le DSI - pour faire valoir le rôle stratégique des données et promouvoir des pratiques intelligentes de gestion et de gouvernance basées sur les données.

Dans un billet de blog consacré au nouveau rôle des CDO, Roger Nolan, directeur des solutions chez Informatica, insiste sur le fait que les responsables des données ont besoin de tous les appuis possibles dans l'entreprise. M. Nolan affirme ainsi que les CDO doivent « hiérarchiser strictement tous les projets de données et d'analyse de l'entreprise », tout en faisant preuve « d'une diplomatie extrême pour travailler en bonne intelligence avec le PDG, les responsables des unités d'affaires, le DSI, les architectes et les propriétaires de données ».

On peut comprendre que les DSI puissent se montrer relativement méfiants avec le nouveau CDO, qu'ils considèrent un peu comme un intrus qui viendrait empiéter sur leur territoire. La relation peut être encore plus désagréable si le CDO relève directement du PDG. La deuxième enquête annuelle de Gartner sur les CDO a révélé que 30 % des responsables des données reportaient directement au directeur général, et 16 % seulement - la moitié - relevaient du DSI.

Cependant, les DSI ayant conservé ce rôle central reconnaissent qu'une bonne relation avec le CDO est plus profitable. La structure des rapports hiérarchiques indique que le rôle du CDO est moins axé sur l'orientation technique que sur la stratégie et les résultats de l'entreprise. L'enquête de Gartner a également montré que 9 % seulement des CDO provenaient de l'IT.

Les DSI ont tout intérêt à bien accueillir ce nouveau partenaire dont le rôle est centré sur les données et l'aider dans l'accomplissement de leur mission, plus large, de transformation digitale. Focalisé sur les résultats opérationnels qu'il peut obtenir en faisant un meilleur usage des données, le CDO peut orienter les stratégies de gouvernance et d'analyse en tirant mieux parti des capacités techniques mises en place par le DSI. L'enquête de Gartner a montré que 62% des CDO ayant répondu à l'étude considèrent le DSI comme un partenaire clé et estiment que cette relation est cruciale pour aller de l'avant.

De leur côté, les DSI ont également l'opportunité de travailler en étroite collaboration avec le CDO pour définir avec lui une stratégie axée sur les données qui apporte plus de valeur commerciale à l'entreprise. La collaboration entre le DSI et le CDO est essentielle pour établir une feuille de route claire, non seulement pour la gestion et la gouvernance des données, mais aussi pour la qualité des analyses et des informations que l'entreprise pourra utiliser pour favoriser l'innovation et la croissance.

« Les rôles des [DSI et CDO] sont complémentaires et d'une importance cruciale pour réussir la transformation digitale, et ils devraient travailler ensemble à l'élaboration d'un plan intégré pour y parvenir », note Informatica dans son eBook intitulé « Cinq Impératifs pour le CDO ». Pour réussir, la transformation digitale exige la mise en oeuvre de changements métiers et technologiques. S'ils collaborent et coordonnent leurs efforts, les capacités techniques mises en place par le DSI peuvent servir au CDO et être utilisées plus efficacement pour délivrer des résultats commerciaux significatifs.

Un poste très diplomatique

Si la place exacte du CDO dans l'entreprise est fluctuante, les responsabilités générales qui lui incombent sont de plus en plus évidentes. Dans une enquête récente sur le rôle du CDO commandée par Informatica, 57 % des répondants ont déclaré que l'objectif principal du CDO était de démocratiser l'utilisation des données de l'entreprise ; 29 % ont déclaré que le rôle du CDO était d'identifier de nouveaux modèles d'affaires axés sur les données ; et 13 % estiment que leur rôle est de réduire les coûts et d'améliorer la performance de l'entreprise.

71% des personnes interrogées ont déclaré que les CDO disposeront de leur propre budget pour atteindre leurs principaux objectifs de gouvernance des données, en particulier pour assurer la qualité et la fiabilité des données, créer un référentiel unique ou un catalogue de données et cartographier les données en fonction des niveaux de criticité.

La mise en place d'un département opérationnel distinct, que Gartner appelle le Bureau du CDO, permettrait de garantir l'indépendance du CDO dans son rôle de gestionnaire des données. Ce Bureau du CDO aurait sa propre dotation en personnel, son propre budget et ses propres responsabilités, y compris la responsabilité des initiatives d'analyse, de la gouvernance des données, de la stratégie d'analyse et de la qualité de l'information à l'échelle de l'entreprise. Toujours selon l'étude de Gartner, 74 % des entreprises ont déjà mis en place un Bureau du CDO ou envisageaient de le faire au cours de l'année à venir.

Cependant, même sans bureau dédié, il faut que les CDO puissent exercer une gouvernance globale sur les données, ce qui implique qu'ils doivent s'assurer que les bonnes politiques, les bonnes stratégies et les standards adéquates pour les données sont effectivement en place. La mise en oeuvre d'une stratégie de gouvernance des données plus large peut nécessiter une campagne de la part du management pour sensibiliser toute l'entreprise à cette gouvernance des données, et ne pas limiter cet objectif à l'IT.

Dans un récent article de blog sur le rôle du CDO et son implication dans le processus et la propriété des données, Barry Green, le CDO par intérim de la Bank of Ireland, a écrit : « Il est essentiel que dans chaque département, les principaux dirigeants de l'entreprise comprennent et contribuent à faire évoluer la gestion des données au sens large selon les besoins, la propriété des données en étant une composante. Les politiques sont la clé de ce processus et son point d'ancrage. »

Un rôle central dans la conduite du changement

Certes, l'adhésion et l'engagement des cadres supérieurs sont essentiels à toute initiative de gestion du changement. Mais les CDO devraient aussi rechercher un soutien à tous les niveaux de l'entreprise pour favoriser ce changement culturel. Ils pourraient par exemple investir dans la formation des employés ou plaider en faveur de cette formation afin de faire mieux comprendre aux utilisateurs l'importance de ces connaissances basées sur les données. En passant du temps avec les commerciaux, les clients et les partenaires, le CDO pourrait se familiariser avec les ressources de données de l'entreprise et mieux apprécier la nature des principaux défis auxquels chaque catégorie de personnel est confrontée - un contexte essentiel pour identifier les éléments qui auront le plus de chance de fournir des résultats commerciaux significatifs.

Grâce à ces échanges, à tous les niveaux et avec tous les salariés de l'entreprise, les CDO peuvent forger des alliances durables et susciter enthousiasme et bonne volonté. Avec l'appui de la base et le parrainage des cadres supérieurs, les CDO pourront jouer pleinement leur rôle de diplomate, travailler en étroite collaboration avec leur DSI et permettre à l'entreprise de réussir sa stratégie axée sur les données.

Pour en savoir plus sur l'évolution de la relation DSI/CDO.

Pour en savoir plus sur l'utilisation stratégique des données, écoutez l'épisode du podcast (en anglais) Big Pivot d'Informatica intitulé « You Have Big Data : Now What ? » sur Soundcloud.