A en croire les prévisions des cabinets d’études, le décollage du SD-WAN est aujourd’hui bien réel, du moins au niveau mondial où 94 % des entreprises, selon Frost et Sullivan, envisagent de déployer le SD-WAN au cours des deux prochaines années. Si le SD-WAN a d’abord décollé aux Etats-Unis, premier marché mondial pour cette technologie à la fois pour des raisons économiques et du manque de fiabilité des réseaux existants, la première motivation de l’Europe concernant l’adoption du SD-WAN n’est pas uniquement économique. En effet, les entreprises européennes recherchent avant tout une certaine flexibilité dans la gestion de leurs réseaux WAN surtout avec l’explosion des services cloud, de l’IoT et donc de l’augmentation exponentielle du trafic que le réseau MPLS seul ne suffira pas. « 60 à 80 % des flux circulent désormais sur Internet, pourquoi ne pas profiter de tous ces liens en créant un réseau modulable par logiciel et y véhiculer les flux sur les meilleurs liens en fonction des usages. Par exemple, je prends le lien qui a la plus faible latence pour la téléphonie IP. C’est dans cette approche que le SD-WAN prend tout son sens », explique Christophe Auberger, directeur Systems Engineering chez Fortinet. C’est donc dans ce contexte que les projets se multiplient dans l’hexagone. « D’importants déploiements de projets SD-WAN sont actuellement en cours en France. Bien sûr, ces projets, très structurants pour les organisations, rallongent les prises de décision mais la demande se confirme », note, pour sa part, Christophe Perrin, Head of SD-WAN and SD-Campus Sales and Technical Operations chez Cisco France. Un avis que partage Pierre Ardichvili, Director Network and Security Business chez VMware France : « Nous sommes très sollicités par le SD-WAN, de plus en plus d’appels d’offres aboutissent. En France, nous comptons déjà des déploiements de quelques dizaines de sites dans le retail au plus gros de près de 2 000 sites. » 

L’application cloud, un déclencheur dans un projet SD-WAN

Comme nous le précisions, le SD-WAN a pour objectif principal aujourd’hui d’améliorer les usages et les expériences d’utilisateurs dans les environnements multi-clouds. Comment ? En agrégeant divers liens (filaires et sans fil) et en priorisant mieux les flux selon l’importance des besoins. « En effet, les entreprises veulent une certaine agilité dans l’administration de leurs réseaux WAN vers leurs sites distants, vers les applications hébergées dans le datacenter ou vers leurs fournisseurs de services cloud. Beaucoup de projets SD-WAN arrivent d’ailleurs par le cloud comme Office 365 par exemple afin d’obtenir des performances optimales en SaaS », relève Christophe Perrin. Pour Laurent Pison, chef de produit SD-WAN chez Bouygues Telecom Entreprises, ce qui drive le marché européen est souvent lié à la transformation numérique. Il est ainsi devenu nécessaire de proposer un accès direct et optimisé aux applications cloud - chez Azure ou AWS par exemple - afin d’offrir une meilleure expérience pour les utilisateurs. « De même pour l’IoT, là aussi, les entreprises réclament des SLA spécifiques, plus généralement, les flux métiers ont besoin d’être segmentés sur toute la chaîne », ajoute aussi Christophe Perrin. De son côté, pragmatique, Benoit Huard, CEO et co-fondateur de Sayse (voir encadré – article suivant), un pure player français du SD-WAN, met en avant deux autres points dans la demande de plus en plus importante du SD-WAN : des contrats MPLS qui arrivent à échéance et qui permettent aux entreprises de revoir leur stratégie WAN et deuxièmement, la saturation des liens MPLS face à l’augmentation de la bande passante, les liens Internet devenant d’ailleurs de plus en plus performants face aux MPLS, surtout vrai en Europe. « Aujourd’hui, si le trafic est partagé à 50-50 entre le MPLS et l’internet, dans les trois à quatre ans, la tendance va s’inverser à 30-70 même si la croissance du MPLS perdure par rapport à l’augmentation du trafic », confirme même Frank Morales, vice président Connectivity Services chez Orange Business Services.

Bien sûr, face à cette diversité des demandes, les entreprises souhaitent aussi faire des économies sur leurs réseaux en adoptant du SD-WAN, du moins sur l’exploitation à long terme. Enfin, elles envisagent également de reprendre la main sur la gestion de leurs réseaux WAN, un élément important qu’elles n’avaient plus avec leurs liaisons MPLS gérées par leurs opérateurs. « L’entreprise veut effectivement retrouver cette visibilité et être plus proactive dans ses choix de priorisation des flux », admet Pierre Ardichvili. En reprenant la main, l’entreprise doit aussi disposer de compétences réseaux WAN dédiées en interne ou, dans le cas contraire, faire directement appel à son prestataire (opérateur ou intégrateur) ; les fournisseurs proposant d’ailleurs souvent un portail ou un orchestrateur unique qui s’adresse à la fois au client final et au partenaire.