Résultats exercice 2006-2007 : Chiffre d'affaires 4,3 Md$ (+41%) Bénéfice : 950 M$ (+43%) Quelques jours après la publication par Infosys de ses résultats annuels, c'est au tour de Tata Consultancy Services, un autre géant de l'offshore indien, d'annoncer ses performances pour l'exercice clos le 31 mars. Dans les deux cas, les taux de croissance tournent autour de 40%, à la fois pour les revenus et pour les bénéfices. Tata a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 4,3 Md$, soit 41% de plus qu'au cours de l'exercice précédent. Le bénéfice progresse de 43%, pour atteindre 950 M$. Infosys avait publié, la semaine dernière, des revenus en croissance de 44%, et des profits en hausse de 53%. Les deux acteurs ont su doper leur rythme de progression en dépit d'un contexte a priori peu favorable : le coût du travail en Inde augmente considérablement, la parité roupie/dollar ne profite pas à la monnaie indienne et l'activité ralentit aux Etats-Unis. Une gageure que rêveraient de surmonter bien des acteurs français et, dans une plus large mesure, européens. Il n'est qu'à regarder les différentiels de croissance entre les SSII du Vieux continent et les géants indiens pour mesurer le monde qui les sépare : alors que Tata ou Infosys flirtent avec les 50%, les acteurs occidentaux peinent à dépasser la barre des 10%. « Les sociétés françaises souffrent d'une taille de marché peu extensible, explique Mathieu Poujol, consultant chez Pierre Audoin Consultants (PAC). A partir d'un certain niveau, il faut racheter des parts de marché pour croître. Le potentiel de progression des SSII traditionnelles est dont limité. » A l'inverse, les acteurs indiens, Infosys, Tata et Wipro en tête, « disposent d'une double opportunité : d'un côté leur marché national est émergent, donc propice à voir se dérouler une forte croissance ; de l'autre, ils réalisent environ les deux tiers de leur activité à l'étranger, notamment en Amérique du Nord. Or, quand on met en place un business model aux Etats-Unis, on peut le déployer sur 350 millions de personnes et y ajouter 60 millions de Britanniques. Soit plus que le marché d'Europe continentale, avec une seule langue à maîtriser. » "Les SSII françaises doivent se spécialiser pour rivaliser" Avec une telle différence de progression et de taille, les SSII françaises doivent-elle considérer les acteurs du Sous-continent comme des concurrents ? « Si les petites structures ne jouent clairement pas dans la même catégorie, répond Mathieu Poujol, les grandes considèrent les Indiens comme des compétiteurs. Les problèmes les plus délicats concernent les entreprises de taille moyenne : elles doivent trouver une spécialité intéressante pour rivaliser ; en un mot, il leur faut se différencier. C'est ce qu'a su faire Sopra en misant sur l'édition de logiciels et ainsi pénétrer d'autres marchés. A l'inverse, GFI, qui est resté trop généraliste, a peiné pendant longtemps. » Au-delà du risque concurrentiel que fait peser la vitalité des spécialistes indiens de l'offshore sur les acteurs français, ces derniers pourraient pâtir « de l'énorme valorisation des Tata ou Infosys : bien que les Indiens aient peur du risque, ils ont largement de quoi se payer des spécialistes étrangers. Il y a beaucoup de sociétés intéressantes, qui font entre 500 M€ et 1 Md€ de CA en France, en Europe du Nord ou en Allemagne et on peut penser qu'il va y avoir des gros rachats. Au final, on devrait se retrouver avec trois ou quatre géants indiens. » Sur le même sujet : -Annuels Infosys : "rien ne vient contrarier la croissance", selon Ovum -Le revenu indien de l'externalisation progresse de 33%