Pour faire taire les rumeurs autour de l'avenir de la plateforme Silverlight, conçue pour le développement d'applications Internet riches (RIA), Bob Muglia, patron de la division serveurs et outils de développement de Microsoft, a jugé nécessaire de résumer dans un billet de blog ce qu'il a expliqué la semaine dernière, à l'occasion de la conférence PDC (Redmond, 28-29 octobre). « Ne vous trompez pas, nous allons continuer à investir dans Silverlight et permettre aux développeurs de bâtir d'intéressantes applications... », écrit-il dans un billet par lequel il répond à une réaction faisant suite à une interview donnée à nos confrères de ZDNet. Dans celle-ci, il décrivait Silverlight avant tout comme une plateforme de développement pour Windows Phone 7. Il y minimisait ses capacités multi-plateformes, présentant HTML5 comme l'outil de choix pour ce type de développement. « Notre stratégie a changé », disait-il dans cette interview.

Alternative aux outils Flash et Flex d'Adobe, Silverlight a été originellement conçu comme un environnement pour bâtir des applications qui fonctionneraient, avec l'aide d'un plug-in, à travers différents navigateurs, et offriraient des capacités que le langage HTML lui-même ne fournissait pas.

Mais il n'a pas échappé aux participants de la PDC (Professional Developers Conference), la semaine dernière à Seattle, que Silverlight faisait profil bas. Peu de sessions lui étaient consacrées. Et le PDG de l'éditeur, Steve Ballmer, ne l'a mentionné qu'une seule fois au cours de son discours d'ouverture alors que, dans le même temps, il a salué les capacités multi-plateforme de HTML 5. Or, pour beaucoup, cette faible représentation n'était qu'un indice de plus attestant des menaces qui pesaient sur l'avenir de Silverlight. Sans compter qu'aucune date n'avait été annoncée pour la version 5 de la plateforme. Dans une série de billets de blog, largement consultés, et de messages Twitter, le concepteur web Scott Barnes, ancien responsable produit de Silverlight, avait supposé que Silverlight était en train de perdre les faveurs de Microsoft lui-même. Peut-être en raison du fait que sa compatibilité multi-plateforme pouvait mettre en danger la prédominance de Windows sur le poste de travail.

« Une tempête dans un verre d'eau », selon Forrester

Pour Jeffrey Hammond, analyste de Forrester Research, la réaction à l'interview accordée à ZDNet n'est qu'une tempête dans un verre d'eau. Sur Twitter, en quelques heures, nous sommes passés de « notre stratégie a changé » à « Silverlight est mort », remarque-t-il.

Dans son billet, Bob Muglia, cherche à dissiper les rumeurs. Il décrit Silverlight comme l'environnement permettant de développer des applications web capable de fonctionner sur différentes plateformes Microsoft, à la fois pour le poste de travail et pour les terminaux mobiles. « Avec Silverlight, l'objectif n'a jamais été de remplacer HTML, mais de faire ce qu'HTML (ou d'autres technologies) ne pouvait pas faire, et de le faire de telle façon que cela soit simple à utiliser par les développeurs », écrit-il.

Même avant l'explication de Bob Muglia, les analystes se montraient sceptiques sur l'éventualité que Microsoft puisse arrêter cette offre. « Silverlight est extrêmement important pour Microsoft, parce qu'il représente peut être pour lui la meilleure façon de faire évoluer le développement du client natif pour Windows vers une architecture web », souligne Al Hilwa, analyste chez IDC. Il rappelle que lorsque l'éditeur a livré Silverlight, il ne s'attendait pas à ce qu'une telle diversité de plateformes mobiles soit disponible en si peu de temps. « Le marché présente une variété de plateformes et de formats différents. Microsoft ne voudra probablement pas porter Silverlight sur toutes, mais celui-ci continue à être intéressant pour faire le lien entre les différentes plateformes Windows. »

Quant à Jeffrey Hammond, de Forrester, il rappelle qu'il y a encore dans les entreprises de nombreuses applications web déployées sur des plateformes Windows. « Ces utilisateurs, qui ont d'importantes bibliothèques d'applications .Net, continueront à recourir à Silverlight, parce que ce dernier permet de déployer facilement ces applications comparativement à un client 100% .Net. »

Illustration : Bob Muglia, président de la division serveurs et outils chez Microsoft, lors de sa présentation sur la PDC 2010 à Redmond (crédit photo : D.R.). En fond d'écran, son billet de blog.