Les 500 premières entreprises européennes vont faire face dans la décennie qui vient à une perte d'emplois locaux estimée à 1,3 millions de postes sur la chaîne administrative de l'entreprise. Cette thèse est celle du groupe Hackett (études de benchmarking et d'accompagnement des entreprises) qui vient de rendre les conclusions d'une étude, à partir de 2100 grandes entreprises internationales. Après les métiers informatique, ceux du back-office délocalisés Michael Janssen, PDG de Hackett, indique : « de nos jours les entreprises peuvent faire appel aux ressources dites d'offshore, pour tirer partie des zones de travail à coût réduit, tout en maintenant et en développant les compétences de leur personnel. Les gains liés à ces économies, évalués par nos analystes à 96 millions d'Euros par an et par entreprise présente dans le panel des 500 sociétés européennes étudiées, sont trop énormes pour être ignorés. » L'étude indique que l'informatique constituait pendant longtemps la fonction la plus prompte à basculer en dehors des frontières de l'entreprise. Or aujourd'hui, c'est aux fonctions dites de back office (services informatiques, comptabilité, ressources humaines, fonction achat) d'être touchées à leur tour par la tendance. Mais quelle valeur accorder au signal d'alarme tiré par Hackett ? En France, le Sénat va dans un sens similaire : en juin 2005, une étude de Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat, complétée par l'analyse du cabinet Karlyse, prévoyait pour 2006-2010 la délocalisation de 202 000 emplois de services (dont près de 40 000 dans l'informatique, environ 12 000 dans le domaine des télécommunications et 90 000 dans le secteur « services aux entreprises »). Or ce chiffre de 202 000 représente 22 % de la création nette d'emplois salariés au cours de la période 1999-2003. Même si les analystes s'accordent sur le fait qu'il est difficile d'envisager des prospectives dans ce domaine, une étude d'IDC confirme également la tendance et estime à 20% environ la croissance de l'offshore chaque année (janvier 2006). Le Syntec Informatique minimise en revanche le risque de généralisation de l'offshore : certes, cette pratique paraît inéluctable, mais elle serait structurellement limitée, puisque sa part dans le CA du secteur pourrait être comprise entre 4% et 6% à l'horizon 2009 et que le plafond théorique des prestations « offshorisables » serait inférieur à 15 % du CA des services informatiques.