Fondée en 2013, la start-up Cyanogen, qui propose un système d'exploitation mobile dérivé de Google Android (un fork), espère bien travailler avec les principaux fournisseurs de terminaux mobiles chinois pour conquérir le monde. Avec 50 millions d'utilisateurs pour son Cyanogen OS - installé manuellement avec CyanogenMod ou livré par défaut avec certains smartphones (OnePlus One jusqu’à peu, Yu Yureka ou Alcatel Hero2+) -, la start-up de Palo Alto propose une alternative de plus en plus crédible. Surtout chez les utilisateurs agacés par les surcouches logicielles imposées par les constructeurs coréens et les opérateurs. Après les power users, qu’une mise à jour hors sentier n’effraie pas, Cyanogen espère désormais multiplier son OS maison auprès des constructeurs chinois. « C’est un excellent moyen pour elles [les entreprises chinoises] de construire une certaine identité à l'extérieur de la Chine en utilisant une marque qui est déjà assez bien connue », a déclaré Kirt McMaster, CEO de la société. Il s’agit avant tout de rassurer les utilisateurs quant à l’arrivée régulière de mises à jour et correctifs.

M. McMaster a fait ce commentaire ce mardi à Pékin lors de la conférence Global Mobile Internet. Bien que les dirigeants de l'entreprise aient refusé de nommer des fournisseurs spécifiques, ils ont indiqué que les smartphones viseraient le marché international, et non la Chine continentale, où la concurrence est déjà intense. La Chine possède en effet plus de 100 marques de smartphones, petites et grandes, et certaines d'entre elles commencent à attaquer le marché international. L'année dernière, Cyanogen a par exemple aidé OnePlus, un fabricant de téléphones chinois lié à Oppo, à concevoir un terminal 4G/LTE plébiscité par la presse spécialisée pour son excellent rapport qualité/prix.

Un OS débarrassé des outils Google 

Cyanogen OS est une version allégée et optimisée d'Android. Parmi ses fonctionnalités, citons la possibilité de personnaliser l'apparence de l'interface utilisateur, avec un large choix de thèmes. Et surtout un OS plus léger, optimisé et débarrassé des mouchards de Google. Téléphone phare de l’année 2015 – sur le créneau XXL - le OnePlus a été vendu à près d’un million d’exemplaires avec un mode de commercialisation atypique (sur invitation). « Sans Cyanogen, le OnePlus aurait été vendu comme un terminal lambda sur les marchés internationaux », a déclaré le CEO dans une interview. « Ils ont construit leur image de marque sur le dos de Cyanogen. » Une sentence expéditive qui fait l’impasse sur les qualités intrinsèques du produit à savoir : un grand écran, une puce véloce, un design sobre, 16 ou 64 Go de flash...

Le succès de OnePlus a en fait incité d’autres fabricants chinois à travailler avec CyanogenMod pour s’attaquer au marché mondial. Des constructeurs chinois, qui rencontrent des difficultés pour installer des marques visibles sur les marchés internationaux, demandent de l’aide, a ajouté le dirigeant de Cyanogen. C’est un très bon indicateur pour la start-up qui a réussi à lever 70 millions de dollars en mars dernier auprès de Qualcomm Ventures, Telefonica et Twitter Ventures, Smartfren Telecom, Index Ventures ou encore Access Industries. La présence de Microsoft n’a pas été confirmée malgré les rumeurs.

Multiplier les accords avec les Chinois 

Fort de ces soutiens, Cyanogen a révisé unilatéralement son accord OnePlus qui travaille désormais sur son propre fork d’Android baptisé Oxygen OS. Ce changement signifie que OnePlus ne peut plus offrir « rapidement des mises à jour plus significatives ». Cyanogen continuera, cependant, à offrir un support aux smartphones OnePlus animés par son OS. La mise à jour vers Lollipop n’a toutefois pas été proposée aux utilisateurs et elle ne risque pas d’arriver. Steve Kondik, CTO de Cyanogen, a en effet déclaré que les objectifs de l'entreprise ne sont plus alignés avec ceux de OnePlus. Kirt McMaster a ajouté que certains fournisseurs ont l’illusion qu’une surcouche Android leur permettra de rivaliser avec Apple. Mais Cyanogen veut faire plus avec son propre OS et intégrer la fine fleur des services non-Google.

Dans un email à notre confrère d’IDG NS Michael Kan, Carl Pei, co-fondateur OnePlus, a déclaré que son partenariat avec Cyanogen était « mutuellement bénéfique », bien que les deux entreprises semblent prendre des chemins différents à court terme. « Nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd'hui sans cet effort commun », a souligné le dirigeant. Les cadres dirigeants de Cyanogen ont simplement souhaité le meilleur à OnePlus, en se dépêchant de passer à autre chose. « OnePlus expédie un volume intéressant [de smartphones], mais rien de comparable à ce que certains de ces autres partenaires peuvent expédier », a déclaré M. McMaster. « Nous préférons travailler avec des partenaires qui peuvent aller beaucoup plus vite. »