« Laissez-nous entreprendre », a lancé à l'attention des pouvoirs publics le président de l'Afdel, Patrick Bertrand (en photo), lors de la garden party de l'association française des éditeurs de logiciels(*), la semaine dernière à Paris. « Quand on investit dans le numérique, cela booste le développement du PIB », a-t-il redit devant un auditoire de convaincus, au nombre desquels l'Ambassadeur de Grande-Bretagne, Sir Peter Westmacott, qui accueillait l'assemblée. Quelques minutes plus tôt, ce dernier avait rappelé que le logiciel pesait 100 000 emplois au Royaume-Uni.

« Mais on ne peut pas nous demander de réaliser de la croissance et raboter en même temps l'innovation », a poursuivi Patrick Bertrand en faisant référence à la modification du statut de la jeune entreprise innovante (JEI) rogné fin 2010 par la loi de finances 2011, et en rappelant au passage le coût que la réforme de la taxe professionnelle entraînait déjà. 

Travailler activement sur l'éducation

A ses côtés se tenaient Laure de la Raudière, députée UMP d'Eure-et-Loir, rapporteur de la mission d'information parlementaire sur la neutralité de l'Internet et des réseaux, et Gilles Babinet, président du CNN (conseil national du numérique). Patrick Bertrand s'est ensuite élevé contre le projet de « Taxe Google », amendement retiré depuis par le Sénat. Celui-ci visait à mettre en place une taxe de 1% sur l'achat de services de publicité en ligne. Son retrait a été obtenu notamment par l'action du CNN et de certains élus, a salué par la suite l'Afdel.

Le président de l'association française des éditeurs de logiciels a par ailleurs plaidé pour la mise en place d'une dynamique qui permettre de créer en France des ETI (entreprises de taille intermédiaire) pouvant donner naissance à des champions européens. Pour cela, « il faut que les entreprises françaises puissent se racheter ; il faut donc revoir le droit de la concurrence ». Un travail de pédagogie autour du numérique reste indispensable, selon lui avec, au coeur de tout, la recherche & développement et l'innovation. « Si les pouvoirs publics ne voient que la partie immergée et ne perçoivent pas l'importance de la R&D, nous aurons perdu une bataille. » Il faut aussi travailler activement sur des sujets tels que l'éducation, a souligné Patrick Bertrand. « Il y a une pénurie incroyable de main d'oeuvre ». 

Un des moyens d'éviter la régulation d'Internet, c'est aussi de faire en sorte que l'on éduque. Il y a là un devoir, estime le président de l'Afdel. « La réponse n'est pas réglementaire, elle passe par l'éducation des jeunes ».

La taxe dite Google a mobilisé contre elle

A sa suite, Laure de la Raudière a rappelé rapidement son parcours. Après avoir quitté France Télécom en 2001 pour entrer dans la start-up Pertinence Data Intelligence qui a levé des fonds, elle a créé sa propre société dans le domaine du conseil en R&T. Lancée en politique, elle a remarqué à l'Assemblée Nationale un créneau qui n'était pas trusté, celui des sujets portant sur le numérique et Internet, malgré la façon dont ils révolutionnent la société dans tous les domaines (santé, culture, droit...). « Tous ces problèmes se posent aux politiques qui cherchent comment faire appliquer la loi. » 

Autre sujet d'importance : comment profiter de la croissance de l'économie numérique. « Depuis 2007, le gouvernement soutient massivement l'innovation, d'abord avec la modification du crédit impôt recherche puis avec le statut de la JEU, jeune entreprise universitaire, inséré dans la loi Pécresse. » Elle se dit d'ailleurs en phase avec l'avis du CNN qui souhaite réparer les dommages faits fin 2010 au statut de la JEI, ajoutant être intervenue, sans succès, au Palais Bourbon pour maintenir le statut des JEI s'étant créées avant le vote de la loi.

Illustration : Patrick Bertrand, directeur général de l'éditeur Cegid et président de l'Afdel, lors de la garden party à l'Ambassade de Grande-Bretagne (crédit : Mehrak Habibi)