« Nous espérons que la commissaire Neelie Kroes s'appuiera sur cette déclaration encourageante pour établir son agenda numérique, afin de favoriser des politiques qui feront la promotion de normes ouvertes pour les gouvernements, afin que les citoyens n'aient pas d'obstacles artificiels pour accéder à l'information, » a déclaré Thomas Vinje, avocat et porte-parole de l'ECIS (European Committee for Interoperable Systems), un adversaire de Microsoft dans les questions antitrust européennes au niveau de l'entreprise.

Pendant ce temps, la Business Software Alliance (BSA), un groupe qui compte Microsoft parmi ses membres, s'est également félicité de la déclaration des ministres européens. Francisco Mingorance, chargé des relations avec les gouvernements, a qualifié, dans un communiqué, cette déclaration de « bien équilibrée », ajoutant qu'elle « se plaçait au-dessus de l'idéologie stérile du passé qui oppose les logiciels et les services propriétaires et Open Source ». Il s'est également réjouit du fait que « la déclaration reconnait les nouveaux paradigmes dans le secteur de la technologie.» Il faut dire que la BSA a exercé de fortes pressions pour minimiser la portée des références à des normes ouvertes et à l'interopérabilité dans le document du CCI. Son lobbying a donc été fructueux. Par exemple, un document préliminaire au CCI indiquait l'an dernier que l'ouverture du marché des logiciels aux services gouvernementaux « conduirait à des gains considérables en efficacité. » La nouvelle version, rédigée en mars de cette année, pose cette fois que l'ouverture « peut conduire à des gains d'efficacité, en tenant dûment compte de la couverture des besoins fonctionnels, à la maturité et au soutien du marché. »  Les premières versions de la CCI datant de 2008 appelaient largement à des standards ouverts dans les marchés publics. Aucune des copies récentes ne fait état de cette large couverture.

De semblables efforts de lobbying sont en cours à propos de l'ordre du jour du très attendu calendrier numérique que Neelie Kroes doit rendre public fin mai. L'OFE espère que l'approche défendue par Neelie Kroes et approuvée lundi par les ministres européens des télécommunications et des technologies de l'informatique l'emportera, mais il a ajouté que « ce n'est pas certain ». La déclaration, appelée Déclaration de Grenade du nom de la ville espagnole où les ministres ont tenu leur réunion, a été finalement approuvée par vidéo-conférence suite à l'interruption des moyens de transport en raison de la présence de cendres volcaniques dans l'atmosphère. En plus d'appeler à des normes ouvertes en matière de marchés publics, la déclaration demande également de plus grands efforts pour rendre l'Internet plus rapide en Europe, un renforcement des normes en matière de protection et de confidentialité des données pour accroître la confiance et la sécurité en ligne, afin d'éliminer les obstacles au commerce électronique entre l'UE et les États membres.