En amont de la conférence « Le Web 3 » des 11 et 12 décembre prochains à Paris, le patron de Six Apart Europe Loïc Le Meur a convoqué la presse ce matin (mercredi 6 décembre) pour présenter le programme qu'il a défini. Et pour afficher un petit bilan autosatisfait : la conférence se jouera à guichets fermés, soit un millier de personnes ayant déboursé entre 300 et 500 euros, et l'organisation « refuse trente personnes par jour en ce moment ». Le tout avec « zéro euro de marketing », grâce au buzz créé par les deux précédentes conférences, et le bouche-à-oreille (ou plutôt le blog à blog). Loïc Le Meur a évoqué les « plus de 10 000 photos publiées en deux jours », et montré un reportage amateur sur YouTube sur l'édition de l'année dernière, qui a attiré près de 500 000 curieux ! Représentant d'une entreprise américaine à vocation internationale, grand évangéliste du pouvoir des blogs, Loïc Le Meur applique à lui-même ses propres recettes sur Internet et la mondialisation. C'est ainsi qu'il peut s'enorgueillir d'accueillir un public très international : « les Français représentent seulement 45% des participants ». Britanniques et Allemands représentent ensuite le plus fort contingent, juste devant les Américains. Viennent ensuite les Suisses, Néerlandais, Belges... En tout, 36 pays sont représentés. Donner une résonance mondiale aux acteurs européens du Web Néanmoins, pas question de faire de ce rendez-vous orienté « networking » (un lieu de socialisation pour des gens qui ne se croisent autrement que sur Internet) un simple décalque de ce qui se passe dans la Silicon Valley. Loïc Le Meur (LLM pour les quelques milliers d'intimes qui visitent son blog quotidiennement) a convié le gratin du Web mondial à s'exprimer sur scène : Niklas Zennström, le fondateur de Kazaa puis de Skype, Dave Sifry, le fondateur de Technorati, Reid Hoffman, le fondateur de LinkedIn, Mena Trott, confondatrice de Six Apart (et donc patronne de LLM)... Mais il entend faire passer un message : l'Europe et la France ont un rôle à jouer dans cette nouvelle mondialisation, liée au Web 2.0. Loïc Le Meur a donc choisi de mettre en avant, hormis le Suédois Niklas Zennström, des gens comme Jérémie Berrebi, « serial entrepreneur » patron de Zlio, Pierre Chappaz, fondateur de Kelkoo et Wikio, Tariq Krim, créateur de Netvibes, Marc Simoncini, fondateur de Meetic, Brent Hobermann, cofondateur de LastMinute... LLM en a profité pour dénoncer le manque d'investissement des grands patrons français dans le Web 2.0. « Les industriels ne sont pas là ! Où sont Lagardère, Arnault, François Pinault ? » Saluant l'initiative de TF1 de lancer WAT (We are talented), qui expose du contenu produit par les internautes, LLM a demandé ce qu'on pouvait faire avec quelques millions d'euros, « alors que Murdoch a mis plusieurs centaines de millions de dollars [580 M$, NDLR] pour racheter MySpace ». Et de plomber l'ambiance avec une sombre prophétie : « le jour où ils se rendront compte qu'un chaîne télé a émergé sur le Web, ce sera trop tard, le marché sera déjà tout américain ». Comment éviter la Bulle 2.0 ? A leur place, a expliqué LLM, il investirait tout de suite dans deux créneaux qu'il juge très porteurs : la vidéo (cf. le rachat de YouTube par Google pour 1,6 milliard de dollars) et les mondes virtuels (cf. le succès de Second Life et World of Warcraft - WoW). A ce sujet, Loïc Le Meur annonce un sujet de conférence original, puisqu'il s'agira de comparer les méthodes collaboratives requises pour réussir dans WoW et ce qu'il est possible de mettre en place dans une entreprise. Se défendant de tout optimisme béat, LLM s'est dit presque inquiet devant le succès de sa conférence. Il ne s'agirait pas de recréer une bulle. Mais il se veut confiant. « La différence avec 1999-2000, c'est qu'aujourd'hui les business models sont là », dit-il. Celui d'un Netvibes n'est toutefois pas très clair. Et un DailyMotion peine à concurrencer YouTube, or en matière de Web 2.0, qualifiée par LLM de « révolution des amateurs », il y a une très forte prime au leader, puisque tout est financé par la publicité. Enfin, le public peut être volage, il suffit d'un rien pour qu'il aille montrer son talent ailleurs. Entraînant avec lui la manne publicitaire.