Le téléchargement illégal de livres sur Internet reste un phénomène mineur en France et concerne moins de 1% des titres qui sont disponibles légalement au format papier. C'est ce que fait apparaître l'étude EBookZ présentée cette semaine par Mathias Daval, d'Edysseus Consulting, et le Motif, observatoire du livre et de l'écrit en Ile-de-France. Il n'est pas question, ici, du piratage de livres numériques, mais du piratage numérique des livres qui pose notamment le problème de la protection du droit d'auteur (au même titre que la diffusion par photocopie). L'étude porte sur l'ensemble des textes piratés proposés au téléchargement, issus de livres publiés en français par des éditeurs français. Pour la plupart, ces textes ont été numérisés par ceux qui les mettent à disposition sur le Web, au prix d'un « travail fastidieux de 6 à 10 heures minimum pour un résultat de bonne qualité ». Qualité qui est pourtant proposée pour 77% des ouvrages ainsi accessibles. Gallimard, Dunod et Hachette arrivent dans le peloton de tête des éditeurs ayant le plus de titres piratés. Les livres piratés de sciences, technique et médecine sont les plus représentés sur le Net, aux côtés des ouvrages de philosophie, de littérature de science-fiction et fantastique, d'informatique et, sans surprise, de cuisine. L'étude diffusée par le Motif montre que 94,9% des livres piratés ne disposent pas d'une offre numérique légale. En conclusion, l'étude recommande aux éditeurs de développer leur catalogue numérique en s'appuyant sur des modèles économiques innovants. Proposer des lecteurs de livres numériques en bibliothèque Dans le sillage de cette étude, l'observatoire du livre a formalisé plusieurs propositions pour accompagner le développement de l'offre numérique, présentées lundi dernier à la Société des gens de lettres (SGDL) par Vincent Monadé, directeur du Motif. Celui-ci propose de mettre en place plusieurs modes d'expérimentation, à la fois dans les librairies et en partenariat avec certaines bibliothèques d'Ile-de-France. En librairie, l'offre numérique serait accessible par l'intermédiaire de bornes dédiées, ou bien directement à la caisse, et complétée d'outils d'impression à la demande (POD, print on demand). En bibliothèque, le prêt ou l'achat de lecteurs de livres numériques, serait assorti de la mise à disposition « d'une offre numérique de qualité ». L'objectif serait alors d'en évaluer l'adoption et les modes d'utilisation retenus par les lecteurs. La troisième proposition du Motif porte sur le développement d'une application libre de géolocalisation des librairies à partir d'un smartphone. Réalisée en partenariat, notamment avec Artesi (l'agence régionale des technologies de l'information), cet outil librement diffusé permettrait de retrouver le point de vente le plus proche où trouver le livre recherché.