En bloquant l'accès de ses API à Diplotwoops et Politwoops, deux apps qui donnaient accès à des tweets effacés par des politiciens dans une trentaine de pays, Twitter semble militer en faveur du contrôle sur la parole publique, au détriment de la transparence. Le site de micro-blogging a indiqué que Diplotwoops et Politwoops violaient les règles de sa politique de sécurité qui interdisait aux développeurs de publier des contenus ayant été supprimés. Cependant, l'arrêt forcé des deux apps utilisant les API de Twitter est loin d'avoir été apprécié par tout le monde. En particulier au sein de la fondation Electronic Frontier. « L’aspect le plus intéressant d’une plate-forme telle que Twitter, lorsqu’elle est utilisée par des politiciens et des fonctionnaires, c’est qu’elle apporte plus de responsabilité et de transparence », a estimé Parker Higgins, militant à l'Electronic Frontier Foundation.

Des outils très utiles aux journalistes

Pour lui, le fait que Twitter décide de bloquer ces deux apps porte atteinte à cet idéal. L’EFF milite habituellement pour la protection de la vie privée en ligne. Son représentant, Parker Higgins, considère que la décision de Twitter donne aux politiciens et aux personnalités publiques un niveau de contrôle qu'ils n’avaient jamais eu auparavant. Suite à cette annonce, les représentants de Diplotwoops et Politwoops ont pesté contre Twitter, en faisant valoir que leur outil avait servi l'intérêt public, en particulier les journalistes, et contribué à rendre les élus plus responsables. Arjan El Fassed, directeur de la fondation néerlandaise Open State, qui avait lancé Politwoops aux Pays-Bas en 2010, a indiqué dans un billet de blog : « Ce que les politiciens élus disent publiquement est d’intérêt public. Même lorsque les tweets sont supprimés, il s’agit de l’histoire parlementaire. »

« Si ces deux apps avaient ciblé les tweets effacés de personnes ordinaires, nous aurions pu cautionner cette décision », a estimé Parker Higgins. « On pourrait imaginer des situations où la même attitude visant d’autres cibles serait une violation de la vie privée », a-t-il poursuivi. Il rappelle qu'il y a une différence entre une personne ordinaire qui utiliserait Twitter et Hillary Clinton ou encore Jeb Bush.