S'ils veulent perdurer dans le temps, les réseaux sociaux devront prendre en compte cinq éléments essentiels en 2008 : mobilité, interopérabilité, réseaux de niche, législation et trouver les moyens de monétiser leur audience. Des réseaux de niche Première tendance de fond : la montée en puissance de sites communautaires dits « de niche ». Ce phénomène semble d'ailleurs assez logique : plus un réseau social est volumineux, et moins on y trouve ce que l'on cherche, un peu comme dans une grande surface démesurée. Si les réseaux sociaux ne veulent pas générer chez leurs membres un effet de lassitude ou le sentiment d'être « perdu » dans tout ce foisonnement de services, ils devront rationaliser et affiner leur offre. Des réseaux de niche voient quotidiennement le jour : bakespace.com s'adresse par exemple aux adeptes de la cuisine (en anglais, mais koochers.com devrait bientôt le suivre, en français), trendmill.com attire les fans de mode et (l'un des derniers en date) SoHorse.com est entièrement dédié à l'univers équestre. Vers plus d'interopérabilité Tôt ou tard, les réseaux sociaux se verront contraints d'adopter un standard d'interopérabilité. L'internaute à la recherche d'un emploi, fan de football ou encore de cuisine est obligé de se créer un nouveau profil à chaque fois, ce qui peut rapidement se révéler usant. D'autant qu'il est souvent impossible de partager automatiquement un même fichier sur l'ensemble de ces profils. Facebook a déjà fait un pas vers l'interopérabilité, en annonçant sur son blog qu'il autorisait ses partenaires, mais aussi la concurrence, à utiliser sa plate-forme comme modèle . Idem pour Google, avec le lancement d'Open Social en octobre dernier , obtenant dans la foulée le soutien de Myspace. « Cette initiative marque une grande étape dans le monde des réseaux sociaux », souligne Mary Beth Kemp, analyste senior chez le cabinet d'études Forrester. L'internaute peut développer des applications, puis les diffuser sur n'importe quel réseau social. Malheureusement, pour le moment cette portabilité n'est pas le fait de tous les sites, car peu d'entre eux sont enclins à partager leur base de données clients. « Force est toutefois de constater que nous nous dirigerons vers une standardisation de l'offre, car il s'agit d'un véritable besoin chez les internautes », ajoute avec optimisme Mary Beth Kemp. Mobilité : à prendre en compte « Les internautes ont envie d'avoir accès à leur réseau social où qu'ils se trouvent, pour mettre à jour leur statut, envoyer des messages à un contact ou envoyer en temps réel une photo prise avec son téléphone sur son compte », explique Lorentz Bogaert P-dg du réseau Netlog. Certains sites communautaires (comme Google par exemple, avec le rachat de la start-up Zingku, spécialisée le partage de photos ou de vidéos sur téléphone portable) ont déjà amorcé le décloisonnement et fait un pas vers la mobilité. « Un obstacle est à noter toutefois, les opérateurs sont très protecteurs de leur réseau de téléphonie, et cette évolution des réseaux sociaux vers la mobilité risque de faire de l'ombre au classique sms, source de revenus », note encore Lorentz Bogaert. Ce segment mettra donc sans doute encore du temps à réellement décoller. Améliorer la législation Réseau social rime également avec excès et intrusion dans la vie privée des internautes. Des lois de protection existent, mais sont-elles adaptées au phénomène des réseaux sociaux ? Apparemment non, plusieurs affaires ayant récemment défrayé la chronique, comme le lancement très controversé de Beacon par Facebook. Cet outil « qui vous suit à la trace » permet au célèbre site communautaire de monnayer son succès, en offrant aux annonceurs un accès aux données personnelles des membres, afin de leur proposer de la publicité ultra ciblée. Face aux avalanches de protestations , Mark Zuckerberg (fondateur du site) a fait un pas en arrière , en s'excusant et en promettant de brider son système de pistage. Autre problème, le manque de conscience des dangers des réseaux communautaires chez l'utilisateur. Certes aucune loi n'interdit de diffuser des informations personnelles sur un site, mais peu d'internautes sont capables d'en mesurer les conséquences (sur leur carrière par exemple). D'après Mary Beth Kemp, « dans l'idéal, il faudrait créer une charte des droits des utilisateurs de sites communautaires ». Trouver un business modèle viable « Le modèle économique le plus connu, c'est évidemment la publicité (tout comme il l'a été pour la télévision, la radio ou la presse ces cinquante dernières années), estime Jeffrey Hammond, consultant chez Forrester. Mais il existe des alternatives durables pour monétiser l'audience des réseaux communautaires, comme le principe d'abonnement, ou les services premiums ». L'internaute choisit le contenu qui l'intéresse, et paie pour y avoir accès.