Seulement 4,4% des courriels arrivent à leur destination. Les 95,6% restants sont bloqués par les diverses mesures anti-spam prises par les opérateurs et fournisseurs d'accès. Des statistiques effarantes tirées du dernier rapport que l'Enisa (Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l'information, qui vient de passer sous l'autorité de Neelie Kroes) vient de publier, sur le pollupostage et les mesures de prévention pour réduire le nombre de ces pourriels. L'Enisa 2009 Spam survey agrège des données provenant de 92 fournisseurs d'accès, opérateurs télécoms et autres gestionnaires de courriels dans 30 pays (dont 26 de l'UE), gérant au total quelque 80 millions de boîtes à lettres. Dans la grande majorité des cas, ces entreprises classent la lutte contre le pollupostage dans leurs activités liées à la sécurité, et estiment qu'il s'agit d'un aspect essentiel de la qualité du service qu'elles délivrent à leurs clients. Il s'agit de la principale motivation de la lutte anti-spam, loin devant les coûts en bande passante. Un gros opérateur investit plus d'un million d'euros par an dans la lutte anti-spam Il faut dire que le pourriel qui échappe aux mesures de prévention et atteint le consommateur peut coûter cher en appels au service client. D'après l'enquête, deux tiers des appels au helpdesk concernent le spam ! Les opérateurs investissent donc des montants significatifs : cela va de quelques dizaines de milliers d'euros par an pour les très petits fournisseurs (moins de 1 000 boîtes gérées) à plus d'un million d'euros pour un tiers des très grands fournisseurs (plus d'un million de boîtes gérées). Les mesures de lutte et de prévention n'ont guère évolué depuis 2007, date de la précédente enquête de l'Enisa sur le sujet. Les trois techniques les plus utilisées sont les listes noires, le filtrage du contenu et l'authentification des expéditeurs. Toutefois, si 90% des opérateurs recourent à une liste noire pour écarter les polluposteurs, ils reconnaissent volontiers que l'outil manque de précision. Les deux tiers indiquent en effet que leurs serveurs ont déjà figuré par erreur sur une telle liste, ou ont continué à y figurer après que des problèmes de spam ont été réglés. Le rapport de l'Enisa suggère d'ailleurs une approche plus collaborative entre les éditeurs de ces listes noires, pour accroître leur réactivité. De même, les opérateurs sont invités à mieux collaborer entre eux - lorsqu'ils détectent la provenance d'un pollupostage - et avec les autorités.