Les tweets pourraient passer de 140 caractères à 10 000 caractères, soit 71 fois plus long. C'est ce que croit savoir le site spécialisé américain Re/code. L'annonce a été reprise à peu près partout, provoquant l'indignation des utilisateurs. Certains d'entre eux se sont même empressés de créer le hashtag #jesuis140. Au-delà de cette réaction démesurée, l'entreprise dirigée depuis cet été par Jack Dorsey semble en effet mener sa révolution. Confirmant à demi-mot l'information de Re/code, le dirigeant s'est fendu d'un tweet le mardi 5 janvier, accompagné d'une capture d'écran d'un long texte, pour expliquer cette décision. « Nous avons consacré du temps à observer ce que les gens font sur Twitter... et nous les avons vus faire des captures d'écran de textes et les tweeter. Et si cette image était finalement un vrai texte ? », demandait-il. Ce type de détournement du micro-message est commun. Les utilisateurs utilisent depuis longtemps des hashtags comme #LT pour faire référence au précédent tweet et le compléter, d'autres s'auto-mentionnent pour lier une série de tweets (un peu comme avec les SMS). En cliquant sur l'un de ces derniers, la liste entière se « déroule » pour afficher la totalité du fil avec cette méthode. Et c'est sur ce principe que devrait s'appuyer Twitter pour faire courir sa limitation historique à 10 000 caractères.

Un affichage inchangé

Attendu pour le mois de mars, l'évolution de Twitter ne bousculera pas les habitudes. L'affichage restera le même : une série de messages courts apparaîtront les uns à la suite des autres. A la différence que les utilisateurs seront invités à cliquer sur les longs tweets, afin de les dérouler. Nombre de commentateurs voient en cette évolution la volonté de marcher sur les plates bandes de Facebook. Will Oremus, journaliste pour Slate, explique que ça n'est pas tout à fait le cas. En déployant cette stratégie, Jack Dorsey ne cherche pas à recruter de nouveaux utilisateurs mais à rentabiliser sa base. Le but recherché ? Maintenir les utilisateurs plus longtemps sur sa plate-forme pour les soumettre à davantage de publicités. Pour cela, le réseau social présente des arguments.

La bataille des hébergeurs de contenu

Twitter entre dans la bataille pour l'hébergement de contenu. Son principal atout pourrait être la vitesse de chargement sur mobile, de plus en plus plébiscitée par les lecteurs. En effet, selon une étude Médiamétrie, près de 35% des visites de sites étaient faites depuis un mobile en mars 2015, soit une progression de 2,9% en 3 mois. Reste à savoir si Twitter sera en mesure d'offrir des performances équivalentes à celle de Facebook avec Instant Articles. Lancée en mai 2015 avec le Guardian ou le New York Times, cette fonctionnalité promet de charger les articles plus vite qu'avec un navigateur web mobile. Autre exemple du genre : Snapchat. Connu pour ses messages éphémères, le réseau social est devenu un diffuseur de contenus pour CNN, Mashable, le Daily Mail et bientôt Le Monde, pour ne citer qu'eux. Comme ces derniers, Twitter pourrait donc proposer aux éditeurs de payer pour augmenter la visibilité de leurs articles. Un moyen simple de générer des revenus pour Twitter, à l’heure où sa cotation boursière est au plus bas. « Média de l’instantané, mais pas forcément de la brièveté », comme l'analyse le journaliste Vincent Glad, Twitter souhaite devenir un agrégateur de contenus. Et cette mainmise des réseaux sociaux sur l'information présente un risque pour la presse, esseulée entre des technologies devenues des médias.