L'heure est aux règlements de comptes entre la France et les Etats-Unis. Dans des documents publiés par WikiLeaks, repris notamment par Liberation, on a appris que trois présidents français (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande) ont été mis sur écoute entre 2006 et 2012 par la tristement célèbre agence de renseignement américaine NSA. Des méthodes de surveillance qui ont été qualifiées d’inacceptables par le porte-parole de l'Elysée, Stéphane Le Foll. D'après Wikileaks, les écoutes ont été effectuées à la fois sur les téléphones professionnels mais également personnels des présidents français. Au-delà du scandale soulevé par ces révélations, on peut toutefois se demander comment les conversations - dont certaines hautement confidentielles - ont ainsi pu si facilement tomber dans les oreilles des espions de la NSA.

La non utilisation systématique de téléphones chiffrés peut constituer un élément d'explication. Du moins de terminaux chiffrés non fournis par Blackberry : en dépit d'avertissements émis par le secrétariat général de la Défense nationale (SGDN) dès 2006, l'Elysée ainsi que de nombreux cabinets ministériels ont ainsi utilisé les smartphhones du constructeur canadien. Or, il ne faut pas oublier que les contenus des communications, bien que chiffrés, sont hébergés sur les serveurs de l'entreprise au Canada et donc plus facilement à portée d'écoute pour la NSA. L'utilisation par Nicolas Sarkozy à partir de 2010 d'un autre téléphone sécurisé, le Teorem, fabriqué par Thales, n'a apparemment pas empêché la surveillance par l'agence de renseignement américiane. Car pour être efficacement protégées, les communications doivent être émises et reçues par deux téléphones chiffrés, ce qui, a priori, n'a pas toujours été le cas.