Toute amicale qu'elle soit, l'OPA de SAP sur Business Objects surprend en raison de la personnalité de l'éditeur racheté, une société fondée par un Bernard Liautaud farouchement attaché à l'indépendance de son entreprise et à l'oecuménisme de ses solutions. A l'occasion d'une conférence de presse donnée aujourd'hui 08 octobre, à Paris, conjointement avec Léo Apotheker, PDG délégué de SAP, l'entrepreneur français s'en est expliqué. « Pendant 17 ans, j'ai été l'avocat de l'indépendance de BO, reconnaît Bernard Liautaud. Pourquoi ce revirement ? C'est assez simple, le marché des logiciels a fortement évolué, notamment au cours de la dernière année. Nous avons entendu nos clients demander un alignement fort entre les applications et la Business Intelligence (BI). Une tension s'était créée sur le marché. Avec la proposition de SAP, nous avons trouvé le moyen d'accorder notre volonté d'ouverture et d'indépendance et la demande d'alignement de nos clients. » Bernard Liautaud dément avoir voulu vendre Interrogé sur les multiples rumeurs de mise en vente et de rachat, Bernard Liautaud n'a pas souhaité épiloguer sur les acteurs qui se sont intéressés à sa société. « Il y en a eu un certain nombre et c'est bien normal puisque, comme l'a dit Léo Apotheker, la BI est devenue la priorité des investissements informatiques ». Le marché des outils de BI et de gestion de performance devrait atteindre 20 Md$ en 2010. Le fondateur de Business Objects réfute en revanche catégoriquement avoir souhaité voir un jour sa société rachetée. Il relate les faits. « En juillet, nous avons répondu à une approche non sollicitée émanant de SAP. Nous avons écouté et, après avoir eu tous les paramètres, décidé de faire un choix. Les discussions se sont accélérées au cours des dernières semaines, avec un dialogue très efficace et très ouvert. » Une adéquation culturelle importante Le fondateur de BO considère qu'il y a une adéquation culturelle très importante entre les deux sociétés. D'origine européenne toutes les deux, bien qu'implantées de façon internationale, elles ont une culture entrepreneuriale ancrée dans leur organisation avec, pour l'une et l'autre, des fondateurs très impliqués dans l'entreprise. Bernard Liautaud juge que SAP a bien compris que la valeur des solutions de BO était dans l'ouverture, d'où la décision de laisser son autonomie à l'éditeur racheté. Mais le dirigeant estime aussi que la combinaison entre les deux offres a beaucoup de sens. « Nous allons profiter des technologies de SAP, de leur base de données en mémoire, de leur MDM, et travailler ensemble pour intégrer nos produits. Nous allons apporter de l'intelligence dans les processus de SAP et offrir, de loin, la meilleure offre de gestion de la performance sur le marché. »