Le premier semestre 2010 d'Iliad affiche une bonne santé dans un marché du haut débit qui atteint sa maturité. Il y a quelques mois son fondateur, Xavier Niel, avait prédit que les revenus issus de l'ADSL financeraient les autres ambitions du groupe, fibre optique et téléphonie mobile. Ainsi le chiffre d'affaires pour le premier semestre 2010 dépasse le milliard d'euros contre 970 millions d'euros un an auparavant. Ce bon chiffre s'explique notamment par le redressement d'Alice plus rapide que prévu. Cette dernière qui perdait 1 millions d'euros par jour lors de son acquisition, a généré 7,5 millions d'euros au début du mois de mai dernier. La base d'abonnés Alice continue à s'éroder, mais la migration de cette base sur le réseau Free et en dégroupage assure une meilleure rentabilité a souligné Thomas Reynaud, directeur financier d'Iliad. Pendant cette période, Free a recruté 314 000 abonnés  soit une part de marché de 20,4%, derrière Orange et SFR. Le revenu moyen par abonné marque le pas à 36,3 euros. Autre chiffre important, le résultat net de l'opérateur a doublé pour atteindre 171,4 millions d'euros, dont 40 millions sont issus probablement d'un accord avec l'opérateur historique pour solder le litige dans l'ADSL. Maxime Lombardini, directeur général de Free, n'a pas commenté l'origine de ces éléments.

La fibre et le mobile au coeur des investissements

Fort de ces résultats, le trésor de guerre de l'ADSL va financer à la fois la fibre optique et la téléphonie mobile. Sur le premier point, Maxime Lombardini a indiqué que « les investissements se sont accélérés avec la verticalité (déploiement en bas et dans les immeubles) ». 94 millions d'euros ont déjà été investi, somme qui sera portée à 200 millions d'euros d'ici la fin de l'année. En ce qui concerne la téléphonie mobile, un décaissement de 249 millions d'euros est attribué à l'obtention de la licence 3G. Pour financer ces différentes ambitions, Iliad a tiré une ligne de crédit sur 8 ans, de 1,4 milliard d'euros et vient par ailleurs d'obtenir 150 millions d'euros de la part de la BEI (Banque Européenne d'Investissement) pour l'accompagner dans le haut débit. Paris devrait être totalement couvert à la fin 2010 en FTTH.

Des sujets qui fâchent, TVA, quadruple play, itinérance 3G

Si les résultats financiers sont bons, plusieurs questions demeurent en suspens. La première concerne l'évolution de la TVA dans les offres triple play. Le gouvernement envisage de modifier le taux applicable à la partie audiovisuelle dans ces forfaits en le passant de 5,5% à 19,6%. Maxime Lombardini estime que « Si la TVA est modifiée, nous serons obligés de répercuter ce changement sur le prix des abonnements [NDLR sans toutefois préciser de combien d'euros serait la hausse de l'abonnement].  Nous estimons que le gouvernement utilise la mise en demeure de la Commission comme un prétexte. Cette dernière n'a pas été le moteur de cette réflexion. Elle donne du temps aux opérateurs, il y a donc matière à discuter dans une période où les opérateurs télécoms doivent massivement investir. »

En ce qui concerne les accords d'itinérance en 3G, le dirigeant a été très clair « les 3 opérateurs nous ont signifié une fin de non-recevoir ».  Il reste persuadé néanmoins que les choses pourraient trouver dans les semaines qui viennent une issue favorable. Il se tient prêt en cas d'échec à plaider sa cause sur le plan contentieux. Interrogé sur le quadruple play, Maxime Lombardini s'est déclaré très surpris des tarifs de l'offre de l'opérateur historique, notamment sur les conditions d'abonnement sur une durée de 24 mois.

Enfin, le responsable a annoncé qu'une « innovation majeure » est attendue d'ici la fin de l'année et d'ajouter « cela tournera autour de la box » : la Freebox V6 certainement.