Plutôt encourageantes, les perspectives de croissance pour 2015 livrées par Syntec Numérique à l’occasion de sa conférence semestrielle n’en sont pas pour autant extraordinaires. Mais on ne fera certainement pas la fine bouche, au regard de la situation économique générale en France, le secteur est sans conteste l’un des plus dynamiques. Evaluées à 1,8%, contre 0,9% en 2014, les prévisions de la fédération professionnelle attestent de la réalité des projets de transformation numérique. Ceux-ci sont engagés sur les technologies liées au cloud, à la mobile, à l’analytique, aux médias sociaux et à la sécurité.

Et ce sont bien ces projets qui vont tirer la progression en augmentant de 18%, comme l’an dernier. Ils ne représentent cependant que 13% du marché des logiciels et services informatiques évalué à 41,9 M€ par Syntec Numérique. En y ajoutant le conseil en technologies, le marché total est estimé à 50,4 milliards d’euros pour l’année en cours. Le conseil et les services y pèsent 61%, l'édition de logiciels 22% et le conseil en technologies, 17%. En 2015, chacun de ces trois secteurs devrait enregistrer une croissance par rapport à 2014 dont les chiffres ont été revus à la hausse (+0,9% contre 0,7% au départ).

+3,4% pour l’édition de logiciels

C’est l’édition de logiciels qui profitera le plus de l’embellie, Syntec Numérique prévoyant une augmentation de 3,4% du secteur (contre 2,3% l’an dernier). Le marché du conseil et des services devrait de son côté progresser de 1,7% (+1% en 2014), principalement dans l’infogérance applicative, le conseil, l’intégration, le développement et l’assistance technique. En revanche, formation, support et infogérance d’infrastructure ne bougeront pas par rapport à 2014. Quant au conseil en technologies, qui se remet d’une baisse d’activité (-1,5% en 2014), il restera stable cette année.

Globalement, plus de 35 000 recrutements devraient être réalisés par les entreprises concernées (source Apec), avec une création nette de 10 000 emplois. L’an dernier, le nombre de recrutements s’est élevé à 34 400. Au passage, Guy Mamou-Mani, président de la fédération professionnelle, a rappelé que le secteur couvert par Syntec Numérique représentait 365 000 salariés (dont 265 000 informaticiens, source BIPE), les entreprises clientes employant de leur côté 300 000 personnes dans leurs départements informatiques. L’ensemble de ces effectifs a triplé en 30 ans. Guy Mamou-Mani a souligné la proportion des jeunes recrues dans le secteur (26,3% ont moins de 30 ans) et l’importance des contrats à durée indéterminée (93,7%), en estimant que le numérique constituait « un havre d’attractivité et de sécurité ». Par ailleurs, les professionnels de l’informatique sont à 68,9% des cadres et leur rémunération brute moyenne s’élève à 48,3 K€ (pour les salariés à temps complet).

L’implication des directions métiers confirmée

Par ailleurs, les projets de transformation numérique, en particulier ceux qui sont orientés vers les clients (CRM, services après-vente, etc.), impliquent de plus en plus les directions métiers dans les processus d’achats informatiques. Il y devrait ainsi y avoir, entre 2014 et 2018, une croissance annuelle de 4% dans les projets décidés par ces métiers, soit 1,3 milliards d’euros, note Syntec Numérique.

A l’occasion de ce point semestriel, Guy Mamou-Mani a rappelé les différentes actions de Syntec Numérique, par exemple sur la formation avec l’association Pascaline, mais aussi sur la féminisation de l’écosystème pour renforcer les ressources du secteur, via notamment son trophée Excellencia. « Nous travaillons aussi au projet de Grande Ecole du Numérique », annoncé par le président de la République en février. Il a insisté encore sur l’importance du Crédit impôt recherche (CIR) pour les entreprises du numérique, déplorant qu’il soit « systématiquement remis en cause malgré les engagements des ministres successifs ». Une étude sur le CIR montre que les abus souvent dénoncés ne représentent en fait que 4% du total. La fédération a par ailleurs livré son premier baromètre sur le financement des PME et des start-ups qui représentent 85% de ses adhérents. Celui-ci révèle que leur situation financière a été globalement plus saine en 2014, malgré des difficultés persistantes sur l’accès aux financements.

Du côté des représentations professionnelles des acteurs de l’informatique, le président de Syntec Numérique a par ailleurs admis que le rapprochement avec l’Afdel était au point mort. « Nous leur avons remis il y a 9 mois un document de propositions, nous n’avons eu aucune réaction depuis ».