Professeur agrégé à l'Université de Padoue, le mathématicien, Massimo Marchiori a récemment commencé à parler de son projet de moteur de recherche, postant des vidéos sur son site de promotion volunia.com. Dans l'une d'elle, où on le voit assis sur un banc public et écrivant sur un tableau blanc, il explique : « Ce moteur ne sera pas un Google bis, plus évolué. Il apporte une perspective radicalement différente, une autre vision de ce qu'un moteur de recherche pourrait être... » Le site permet aux visiteurs de s'inscrire pour devenir un « power user » privilégié et faire partie du panel de testeurs de la version bêta du moteur, prévu pour être lancé en 12 langues.

Jeudi dernier, dans une interview publiée dans l'édition en ligne du Corriere della Sera, Massimo Marchiori a refusé de rentrer dans les détails et dire ce qui distingue Volunia de ses concurrents. « Vraiment désolé, mais je ne peux vous en dire plus pour l'instant... Le fait est qu'une entreprise comme Google, pour donner un exemple, n'aurait aucune difficulté à faire plancher 100 ingénieurs jour et nuit sur notre idée et à nous coiffer sur le poteau, » a déclaré le mathématicien. « Si je ne croyais pas à la grande valeur du projet, si je ne pensais pas qu'il peut rivaliser avec les géants de la recherche en ligne, je ne me serais jamais impliqué, » a-t-il ajouté. Massimo Marchiori a juste indiqué que l'idée de base était simple mais très différente de l'approche actuelle des principaux moteurs de recherche. « Google utilise un club de golf. Nous, nous allons travailler avec un fleuret. La différence de notre moteur de recherche, ce sont les résultats qu'il va nous permettre de faire émerger. Parce que Volunia sera vraiment utile aux gens. »

Des soutiens financiers et technologiques


Massimo Marchiori est membre du conseil d'administration du World Wide Web Consortium (W3C) de Tim Berners Lee et a travaillé sur la Platform for Privacy Preferences (P3P) et sur le Web Ontology Language (OWL). Son algorithme Hyper Search avait été présenté en Californie en 1996 lors d'une conférence à laquelle assistait un jeune homme de 23 ans, Larry Page. L'algorithme a ensuite servi à mettre au point le système de classement des pages de Google. Les locaux du projet seront situés à Padoue, dans le nord-est de l'Italie. Y participent beaucoup de développeurs de logiciels et anciens étudiants de Massimo Marchiori. Le projet est financé par Mariano Pireddu, un entrepreneur sarde, qui prospère depuis 20 ans dans le secteur informatique et les télécommunications. « Les partenaires sont moi-même et Massimo, et tous les chercheurs qui ont collaboré au projet, » a déclaré l'entrepreneur dans un entretien téléphonique. « Nous ne rêvons pas de créer un meilleur moteur de recherche que Google. Mais nous croyons que nous pouvons créer un moteur différent de Google. » Mariano Pireddu est propriétaire de Malloru, un cabinet de consulting  pour les entreprises basé dans la ville d'Oristano, à l'ouest de la Sardaigne. Il était autrefois président de l'entreprise de télécommunications slovène Voljatel et avait des intérêts chez Mindware Studios, un éditeur de logiciels basé à Prague.

Les serveurs de Volunia seront installés en Sardaigne et fournis par Tiscali, « mais Renato Soru, le fondateur de Tiscali, ne fait pas parti des investisseurs, » a précisé Mariano Pireddu. « Nous avons suffisamment de fonds pour financer les premières étapes du projet. Il est encore prématuré de parler de l'entrée possible de nouveaux actionnaires, » a-t-il ajouté. « Le marché va nous dire de façon démocratique si notre idée était bonne. Si les utilisateurs aiment notre moteur, c'est que nous aurons fait du bon travail. Sinon, nous améliorerons le produit, » a encore déclaré l'entrepreneur.

Dans son interview avec le Corriere della Sera, Massino Marchiori a déclaré que les fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, ont toujours reconnu sa contribution à la formule mathématique du moteur de recherche et qu'il n'avait aucun regret de ne pas avoir participé à leur étonnante aventure. « L'idée d'une vendetta ne m'est jamais venue à l'esprit, » a-t-il déclaré au journal italien.  « La vérité, c'est que notre projet est une belle idée, et que ce serait dommage de ne pas la réaliser. Et il semble aujourd'hui que ce soit le bon moment pour le faire. »