Le volume des fusions et acquisitions conclues aux Etats-Unis l’an dernier dans le secteur technologique a légèrement baissé par rapport à l’année 2014 qui fut l’une des plus actives en la matière. En revanche, 2015 s’est achevé sur une série d’annonces importantes qui augurent d’un marché actif sur le terrain des rachats en 2016. C’est la conclusion exposée par le cabinet de conseil PwC dans la mise à jour - publiée il y a quelques jours - de l'analyse des transactions réalisées l’an dernier dans la high-tech. En 2015, il y aura eu 278 rachats finalisés pour une valeur totale de 147,7 milliards de dollars, à comparer aux 289 conclus en 2014 pour 164,8 milliards de dollars. Mais au 4ème trimestre 2015, la valeur des opérations annoncées (toujours en cours de réalisation) est remontée de 82%, atteignant un volume record de 150 Md$.

Les transactions supérieures à 1 Md$ ont été réalisées dans tous les secteurs : logiciels, matériel, services IT, Internet et semiconducteurs. En valeur, c’est sur le marché des semiconducteurs que s’est opérée la consolidation la plus importante, tandis que le logiciel et les services IT ont tiré l’ensemble de l’activité autour des fusions/acquisitions sur 12 mois (*). Parmi les cinq plus gros rachats de l’année, celui d’Altera par Intel pour 16,6 Md$ arrive en tête, suivi de l'absorption de l’Américain Freescale Semiconductor par le Néerlandais NXP (11,9 Md$), de celle de SunGard Data Systems par Fidelity National Information Services (9,1 Md$), de la prise de contrôle d’Informatica par les fonds Permira Advisers et CPPIB (5,3 Md$) et du rachat d’Interactive Data Corp par Intercontinental Exchange (5,2 Md$).

Et c’est sans compter les plus transactions les plus élevées encore en cours de finalisation. La plus emblématique concerne l'acquisition d’EMC par Dell (67 Md$). Mais il y a aussi celle de Broadcom par Avago (un rapprochement soumis à l’approbation des autorités européennes de régulation de la concurrence), de SanDisk par Western Digital (19 Md$), de KLA-Tenco par Lam Research (10,8 Md$), ou encore de l’activité Veritas de Symantec par des investisseurs menés par The Carlyle Group (8 Md$).

8,3 Md$ investis dans le rachat d’acteurs européens

Au niveau mondial, le cabinet de conseil constate que l’Europe constitue toujours une cible significative pour les investissements réalisés hors des Etats-Unis. Les rachats d'entreprises européennes par des fournisseurs américains ont représenté 13% des transactions technologiques l’an dernier pour 8,3 Md$, contre seulement 2,1 Md$ en Asie, 1,2 Md$ au Canada et 1,4 Md$ dans les autres régions. Mais ces acquisitions ont baissé par rapport à 2014, année où elles s'étaient élevées à 12,6 Md$ en Europe. En 2015, les Américains ont conclu au total 54 rachats hors de leurs frontières pour 13 Md$ en 2015 (contre 16,1 Md$ en 2014). A l’inverse, les acteurs IT européens n’ont pas été en reste dans leurs emplettes outre-Atlantique. Le rapport de PwC souligne qu’ils ont investi 16,6 Md$ aux Etats-Unis l’an dernier. Au total, les investissements étrangers ont mis la main sur 52 entreprises américaines en 2015, pour 21,9 milliards de dollars.

Le rapport de PwC délivre aussi des prévisions pour 2016. Le cabinet pense en premier lieu que les investissements dans les licornes, ces start-ups valorisées à 1 Md$ seront moins importants sur l'année en cours aux Etats-Unis, en raison de l'incapacité d'une partie d'entre elles à réaliser la croissance que les investisseurs attendent d'elles. Certaines poursuivront tout de même leur route avec succès dans le privé. PwC voit par ailleurs les entreprises technologiques matures réinvestir dans leur coeur d'activité. Celles « qui ne lancent pas des produits s'adressant immédiatement au plus grand nombre vont transférer une portion de leurs dépenses R&D de long terme dans des acquisitions de niche offrant des retours plus immédiats », estime le cabinet. Il pense ensuite que l'activisme des actionnaires va s'étendre. Enfin, le paysage technologique est devenu de plus en plus complexe au fur et à mesure que les fournisseurs progressent verticalement dans de nouveaux domaines pour étendre leurs marchés et leur assise face à leurs concurrents. Cela va conduire à renforcer encore les relations de co-opétition entre les différents acteurs, un grand nombre d'entre eux devenant à la fois fournisseur et client d'entreprises qui sont aussi ses rivales.

(*) Regroupés par domaines d’activité, les opérations conclues aux Etats-Unis en 2015 se sont élevées à 38 Md$ dans les semiconducteurs, à 35,57 Md$ dans les services IT, à 34,88 Md$ dans le logiciel, à 20,79 Md$ dans le secteur Internet et à 18,45 Md$ au sein des constructeurs de matériel. En nombre de transactions, ce sont les éditeurs de logiciels qui mènent la danse, réalisant un certain nombre de rachats moyens, entre 100 M$ et 1 Md$. Et, dans l’ensemble, ce sont les rachats inférieurs à 100 M$ qui ont dominé, représentant 49% du total. Du côté des acteurs de l’Internet, PwC note une légère baisse de l’activité par rapport au pic de 2014, due au fait de la pause marquée par certains grands fournisseurs dans leurs acquisitions.