Pour la 2e année consécutive, Bull affiche une croissance de son chiffre d'affaires (+3,7% en organique, 4,6% au total) et de son résultat avant impôt et intérêts financiers (+23%). Un enchaînement qui ne s'était pas produit depuis une quinzaine d'années et que Philippe Vannier, PDG du groupe, voit comme un inversement de tendance. Les ventes de Bull ont dépassé 1,3 milliard d'euros en 2011 et le ratio prises de commande sur chiffre d'affaires s'établit à 1,01, ce qui atteste « d'une dynamique de croissance ». La marge brute est stable à 22,3% du chiffre d'affaires (22,4% en 2010). En revanche, le résultat net de la société est négatif cette année (-16,5 M€), « exceptionnellement impacté par une dépréciation partielle de goodwill d'Amesys [acquis il y a deux ans] et d'immobilisations incorporelles ».

L'année précédente, la progression du chiffre d'affaires avait bénéficié du rachat d'Amesys, société présidée par Philippe Vannier qui a pris la tête de Bull en mai 2010. Le dirigeant considère que cette acquisition a conféré à Bull un positionnement plus clair, mieux perçu par les clients. « Cela nous permet de gagner des parts de marché dans à peu près toutes les business line, en nous présentant à chaque fois comme le spécialiste de la puissance et de la sécurité numérique au service des systèmes critiques », expliquait-il ce matin en commentant les résultats annuels du groupe. Au nombre des réussites notables de Bull en 2011 figure en particulier les deux supercalculateurs livrés en décembre : l'Helios, fourni au Japon dans le cadre du projet ITER, et le Curie de Genci, installé au centre TGCC (très grand centre de calcul) en France, à Bruyères-le-Chatel. Deux contrats de quelques dizaines de millions d'euros dont une pré-recette seulement s'est faite en 2011. « Nous sommes le premier constructeur au monde dans ce domaine à avoir livré trois machines de plus d'un petaflop sur deux continents en 2011 » [la 3e au CEA]. Des machines de production, insiste Philippe Vannier qui rappelle que les projets sont aussi gagnés sur les coûts de possession, véritable facteur de compétitivité pour le constructeur français qui travaille énormément sur l'efficience énergétique de ses systèmes (« Le Curie représente la consommation d'une ville de 20 000 habitants », pointe le PDG). Chez Bull, l'activité HPC, inexistante il y a cinq ans, pèse désormais 200 M€. 

Andromède, un projet à l'étude chez Bull

Interrogé pour savoir si Bull pourrait rejoindre Andromède, le projet français de cloud souverain avec Orange et Thalès, duquel Dassault Systèmes s'est retiré pour lancer sa propre initiative avec Vivendi/SFR, Philippe Vannier concède prudemment : « Si l'investissement fait sens, on le fera ». Le PDG ajoute qu'on ne réalise pas un investissement pour aller capter une aide de l'Etat si le projet ne fait pas sens. Il reconnaît qu'en l'occurrence l'association évoquée aurait une logique, puisque le projet Andromède a besoin d'infrastructures. « On peut intervenir comme fournisseur de matériel, c'est sûr, et comme actionnaire derrière si le retour est satisfaisant. » En résumé, pour l'instant, Bull étudie le projet. « Nous discutons ensemble. Nous regardons, obligatoirement, puisque France Télécom est aussi notre actionnaire au sein de Bull ». Très vite, Philippe Vannier ajoute que Bull a déjà un projet dans ce domaine, « un cloud HPC qui s'appelle NumInnov », en phase de finalisation et qui devrait voir le jour très prochainement. « C'est une industrialisation plus poussée de l'activité Extreme Factory que l'on a déjà développée et qui est une mise à disposition de moyens de calcul intensif ». Un projet fait avec un tour de table de quatre investisseurs (au nombre desquels l'Etat dans le cadre du Grand Emprunt). Il est destiné à la fois à de grandes entreprises qui ont des pics de charge à assurer dans le domaine du calcul intensif et aux PME qui ne peuvent pas acquérir de machines. Entre ces deux extrêmes, cela touchera tout un panel de secteurs,  « l'industrie, le domaine de l'image, le monde médical avec la modélisation de molécules et l'imagerie », énumère Philippe Vannier.

Gros contrats d'infogérance avec Eurocontrol et La Poste

Parmi les autres contrats remarquables gagnés par Bull en 2011 sur ses autres activités, le PDG rappelle le projet important d'infogérance remporté auprès d'Eurocontrol, « la plus grosse plateforme de trafic aérien au monde » qui a confié son informatique au groupe français face à onze concurrents dont plusieurs ayant fait alliance. Il s'agit d'un contrat sur cinq ans, avec des options pour aller plus loin, d'un montant total de 43 millions d'euros. Bull est associé à Tata CS, sous-traitant sur ce projet, mais le contrat reste en Europe. Dans le domaine des partenariats, Philippe Vannier estime par ailleurs que le groupe doit se positionner comme un intégrateur, capable de proposer avec des spécialistes des offres lui permettant de se différencier. 

Autre gros marché d'infogérance remporté par Bull : La Poste, pour plus de 60 M€. Un contrat que le fournisseur s'apprête à annoncer. Le mois de janvier a été un mois record pour les prises de commande chez Bull. « Cela nous permet de bien démarrer 2012 », souligne John Selman, directeur financier de la société.

Le supercalculateur Curie de Genci, conçu en France par Bull
Le supercalculateur Curie de Genci (Grand équipement national de calcul intensif), conçu par Bull.