A partir de son offre historique, le groupe français va créer quatre lignes de produits au niveau mondial. Sous le nom d'Innovative Products, le constructeur rassemble d'abord ses solutions matérielles. « Cela va des super PC boostés jusqu'à l'ordinateur que nous avons livré au CEA [le Tera 100]», a rappelé Philippe Vannier. Ces « systèmes critiques à haute valeur ajoutée » réunissent des technologies HPC (high performance computer) avec bullx, des serveurs d'entreprise, avec bullion, et des mainframes sous Gcos. Avec ces gammes, le groupe évolue sur un marché évalué à 9 milliards de dollars, souligne le dirigeant. C'est une offre qui s'adresse au secteur de la Défense, bien sûr, mais également, parmi d'autres, à celui de la santé. « Nous allons développer des appliances, dans le domaine de la sécurité, du décisionnel et des applications temps réel », a annoncé celui qui était encore il y a quelques mois le président d'Amesys (racheté par Bull fin 2009).

La Chine, prochain concurrent sur les HPC


Interrogé hier sur l'arrivée de la Chine sur le marché des HPC, avec le Tianhe-1A désormais à la tête du Top100 mondial des supercalculateurs, Philippe Vannier a reconnu la capacité de mise en oeuvre des Chinois dans ce domaine. Il fait néanmoins remarquer que l'ordinateur en question n'est pas « une machine de production comme l'est le Tera 100 du CEA. Elle a tourné 34 minutes pour les tests ». Il ne doute pas pourtant que le gouvernement chinois va engager les moyens nécessaires pour faire émerger une nouvelle catégorie de concurrents. « Mais c'est la loi du genre. C'est à nous de montrer ce que nous pouvons faire. » Il rappelle en particulier que la machine chinoise n'est pas très bien placée sur le plan de l'efficacité énergétique, contrairement au supercalculateur de Bull. Selon lui, en sept ans, la dépense énergétique de la machine équivaudrait à son prix. A l'inverse, revenant sur l'offre HPC de Bull : « Nous sommes une Ferrari, mais une Ferrari qui consomme peu. Le CEA nous commanderait une machine [NDLR : aussi puisssante], nous saurions le faire, mais la performance énergétique est importante ».

La deuxième ligne de produits définie dans le plan BullWay 2013 porte le nom de Computing Solutions. Elle va fédérer les activités du groupe dans le domaine des datacenters. Philippe Vannier évoque à ce sujet l'implication de Bull ces dernières années dans l'énorme projet Chorus, mené par le Ministère des finances, avec Accenture et SAP. Sur le terrain des datacenters, l'objectif visé par Bull consistera à « monter dans la chaîne de valeur, en passant d'une approche centrée produit à une approche centrée services. » Le groupe prévoit ainsi de bâtir et d'exploiter des centres informatiques sur mesure.

Placer Bull dans les leaders européens de la sécurité


La troisième ligne de produits, Business Integration, couvre les services. Elle s'appuiera sur une organisation internationale de centres de services. L'ancien président d'Amesys entend industrialiser ces prestations. Il évoque une « réplicabilité » des offres qui permettra d'augmenter la rentabilité des projets. Le groupe compte mettre à profit les expertises qu'il a acquises dans le décisionnel, l'Open Source et la dématérialisation. Il poursuivra également son développement sur les quatre secteurs (secteur public, finance, défense et télécommunications) qui représentent plus de 85% de son savoir-faire. Philippe Vannier souligne aussi la volonté de développer des politiques de partenariats avec de gros éditeurs.

Illustration : Pour porter ses quatre lignes de produits (parmi lesquels ses HPC - ci-dessus bullx), Bull entend aussi mobiliser ses équipes et se hisser dans le palmarès des entreprises où il fait bon vivre (crédit photo : Bull).