SAP a deux moteurs, ses offres cloud et sa base de données en mémoire HANA. En France, le dirigeant de la filiale, Henri van der Vaeren met surtout l'accent sur HANA. « C'est vraiment l'axe principal », a-t-il souligné ce matin lors d'un point presse sur les résultats annuels. Le cloud, ce n'est pas vraiment une innovation, pour lui, mais un choix de déploiement. D'ailleurs, la filiale a réalisé en 2014 de bons résultats à la fois dans le cloud (+38%) et dans les ventes de logiciels sur site (+22%). Alors qu'au niveau mondial, les ventes de logiciels sur site reculent de 3%(*). Comme à son habitude, SAP France ne donne pas de chiffres mais seulement des pourcentages de croissance. Sur le cloud, sa progression est moins importante que dans d'autres pays (+56% au niveau mondial en 2014**), mais au total, ses résultats en font le 5e ou 6e pays dans le monde pour SAP, et le 2e ex-aequo avec le Royaume-Uni en Europe. Les ventes dans le cloud ont été en particulier portées par l'offre HCM (gestion des ressources humaines) qui marche très bien. Et sur le CRM, SAP concurrence aussi Salesforce.com, assure le directeur de SAP France. « Les clients se rendent compte que dans le cloud, on est aussi bons et compétitifs que les autres ».

« Mais pour moi, l'innovation, c'est HANA », insiste Henri van der Vaeren. La base apporte une simplification d'architecture radicale et fait sauter les verrous dans les métiers en permettant de gérer des processus en temps réel », a-t-il redit. « Nous avons un gros travail en cours par vertical, par industrie, avec des use cases ». Sur HANA, l'Hexagone a enregistré une progression de 326% en 2014. Le chiffre d'affaires généré avec la base de données pèse 24% des résultats de SAP France. « Beaucoup de projets ont été signés pour lesquels c'est un élément moteur », souligne le dirigeant. Tous les achats réalisés par de nouveaux clients (en augmentation de 13% en 2014), soit 180 nouveaux contrats, se font sur cette technologie.

« Il faut aligner la IT et les métiers dans le choix »

« L'image de SAP se modernise depuis 3 ou 4 ans », assure Henri van der Vaeren. Le nombre de contrats signés avec les métiers augmente, ajoute-t-il. Il rappelle d'une part les ateliers de « design thinking » organisés avec de grands clients dans les différents secteurs d'activités (retail, assurance...) pour imaginer comment transformer les processus métiers les plus importants (la gestion logistique par exemple) afin de tirer parti de la base de données en mémoire. D'autre part, le responsable de la filiale française évoque les démarches de « value engineering » qui permettent aux clients de mesurer les gains qu'ils pourraient avoir en passant sur HANA.

Cette approche peut se faire sur un mois. SAP la propose gratuitement en s'adressant à la fois aux directions, à l'IT et aux métiers. « Le syndrome de l'IT qui impose ses vues aux métiers, ce n'est plus la bonne façon de faire, le métier qui choisit seul, ce n'est pas non plus la bonne solution. Il faut aligner la IT et le métier dans le choix », pointe Henri van der Vaeren. Ces rencontres de value engineering constitue « un premier travail en profondeur en amont et c'est un vecteur d'aide à la croissance que l'on a en France depuis 2 à 3 ans ».

L'hébergement dans le cloud d'IBM tente le secteur public

Dans la catégorie des solutions verticales, SAP a ajouté en 2014 une offre d'analyse des big data sur HANA dans le domaine du sport. Celle-ci a déjà fait couler de l'encre avec le succès de la Mannschaft, l'équipe nationale allemande à la Coupe du monde de football 2014. Il y aura bientôt des références en France. Parmi l'ensemble des contrats gagnés avec HANA,  Henri van der Vaeren a cité Faurecia, Thales, JA Delmas, Safran, Euromaster, Picard, Motul ou encore Atos. Ces deux derniers clients ont signé au 4e trimestre sur l'offre de front office Customer Engagement and Commerce (CEC) qui regroupe la solution de e-commerce Hybris et le logiciel de CRM de SAP. En France, les équipes de la filiale travaillant sur ces deux offres sont regroupées pour se focaliser sur les clients qui gèrent des problématiques multicanales. L'objectif, rappelle Henri van der Vaeren, est de pouvoir collecter des informations, notamment sur les sites web et les réseaux sociaux, et de pouvoir répondre immédiatement aux clients, par exemple pour leur communiquer la disponibilité en stock d'un article.

Par ailleurs, la filiale de SAP a réalisé une croissance de 35% en 2014 dans le secteur public et, avec l'arrivée de Concur et l'accord d'hébergement dans le cloud avec IBM/SoftLayer, elle voit se profiler des projets en 2015, notamment dans les collectivités locales. La possibilité de conserver ses données en France dans le datacenter ouvert par SoftLayer en région parisienne leur rend la proposition cloud plus attractive. Et dans le domaine des réseaux d'échanges B-to-B (business networks), « qui vont peut-être amener de nouveaux modèles économiques dans le futur », SAP regroupe ses activités Ariba, Fieldglass et Concur en une seule unité, dirigée par le patron de Concur qui rejoint SAP.

Pour 2015, en France, Henri van der Vaeren prévoit encore une grosse croissance dans l'analytique. La filiale a réalisé une progression de 300% l'an dernier dans l'analyse prédictive. Elle va aussi cibler les utilisateurs du datawarehouse BW pour les faire migrer vers HANA. « J'ai demandé que 100% des clients BW soient visités dans les trois prochains mois », a confié le dirigeant. Et début février, l'éditeur allemand doit présenter la toute prochaine évolution de son offre : S4HANA. Celle-ci confirmera l'effort de simplification engagé avec Simple Finance. « Hier une écriture comptable qui impliquait plus de 15 tables n'en demande que 4 aujourd'hui. Nous avons revu tous les processus de la finance avec Simple Finance, pourquoi ne pas avoir un Simple HR, un Simple pour la logistique, etc. Il va y avoir une réécriture complète de tous les processus avec une simplification du modèle de données. Ce qu'on va annoncer début février va être ébouriffant », a conclu Henri van der Vaeren.

(*) Au niveau mondial, l'éditeur fait croître son activité cloud de 68% au 4ème trimestre 2014 (à 349 M€) et de 56% sur l'année, à 1 Md€. Mais il a encore vendu 4 à 5 fois plus de logiciels sur site (on-premise), même ce chiffre d'affaires a reculé de 3 points sur l'année, à 4,4 Md€. 
(**) Dans le monde, SAP a doublé le nombre de ses utilisateurs dans le cloud, passant à 50 millions, avec le rachat désormais effectif de Concur, spécialisé dans le voyage d'affaires.