Spécialiste de la modernisation des applications mainframe et des outils Cobol, Micro Focus est moins connu pour ses solutions de gestion du cycle de vie des applications (ALM). C'est pourtant un domaine dans lequel l'éditeur britannique s'est singulièrement renforcé en 2009 avec le rachat de Borland et de la division test de Compuware. Pour prendre le pouls des départements informatiques sur la démarche ALM en France, il livre un baromètre après avoir interrogé en ligne 200 professionnels du développement à l'automne 2012 (voir encadré). Environ 30% des réponses émanent de responsables des études, de la qualité, des méthodes et outils, des testeurs ou des architectes. Près de 33% sont des chefs de projets ou des consultants. Les autres réponses proviennent de développeurs (16,5%) et de responsables informatiques (10,5%).

En premier lieu, 57% des répondants reconnaissent une méconnaissance relative des principes recouverts par l'ALM. Néanmoins, parmi les critères qui leur semblent le mieux caractériser cette démarche, ils citent en premier l'alignement avec les attentes du métier et une assurance qualité en continu, suivis de la collaboration des équipes.  « Certains départements informatiques livrent maintenant des versions tous les mois », souligne Frédéric Miche, ancien de Compuware, architecte sur les solutions Borland chez Micro Focus.
« Dans ce contexte, comment garantir un niveau de qualité sans outillage », poursuit-il. D'autant que les systèmes d'information sont constitués d'un empilement de couches technologiques nécessitant des compétences variées qu'il faut souvent trouver en dehors de l'entreprise. La qualité constitue un impératif pour la satisfaction des clients et l'image de l'entreprise.

Les outils Open Source parmi les plus connus

Aux premiers rangs des bénéfices attendus d'une démarche ALM, les répondants au baromètre Borland placent donc, logiquement, l'amélioration de la satisfaction des utilisateurs (à 51%) et la qualité accrue des livrables (48%). Le gain de productivité des équipes informatiques suit de près (44,4%), ainsi que la maîtrise des impacts induits par les changements (41%). L'ALM doit aussi permettre d'apporter une réponse rapide aux demandes de changement (33%) et de mieux coller aux besoins métiers (34%). L'accélération du « Time to Market » n'est cité qu'en avant dernière position (21%), juste avant la réduction des coûts de développement (15%).

1er baromètre 2012 du développement logiciel de Micro Focus/Borland
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Sondés sur les solutions ALM qui leur sont les plus familières, les répondants désignent en premier celles de Microsoft (à 40%) et du monde de l'Open Source (à 38,6%). Viennent ensuite les logiciels d'IBM (28,6%) et de HP (18,6%) qui a lancé il y a un an son offre ALM 11, à la suite du rachat de Fortify. Micro Focus et Serena arrivent derrière (13,6% et 7,9%).

Un projet dans l'année pour 43% des répondants

Près de 43% de l'ensemble des répondants au baromètre disent avoir un projet pour renforcer leur démarche ALM, et pour plus de la moitié d'entre eux à court et moyen terme (moins d'un an). Les améliorations attendues de cette initiative portent surtout sur trois domaines : la gestion des projets, l'automatisation des tests et la gestion des exigences. Les autres améliorations recherchées concernent l'intégration continue, la gestion des tests et des livrables et la partie conception et programmation.

« Il devient de plus en plus critique d'automatiser les tests de non régression pour tenir les délais », confirme Frédéric Miche. Sur la gestion des exigences, il constate que le marché est encore en devenir, en rappelant que beaucoup d'entreprises utilisent des outils comme Word ou Excel dans ce domaine. « Or, dans une approche centrée document, ce n'est pas le document qu'il faut 'versionner', mais le besoin ». Toujours sur la gestion des exigences, il évoque par ailleurs le « Chaos report » du Standish Group qui montre que la prise en compte incorrecte ou incomplète des besoins métier reste un des principaux écueils des projets informatiques, entraînant des coûts importants de réécriture, des dépassements de budget, voire l'échec du projet. « 40% du temps de développement est consacré à refaire des choses déjà faites », rappelle sur ce point Frédéric Miche.

Enfin, pour expliquer leur souhait d'approfondir leur démarche ALM, les participants au baromètre Borland listent d'abord les problèmes de délais non respectés (38% des réponses) et le fait que les besoins des utilisateurs soient mal appréhendés (31,7%). Ils déplorent aussi le manque de visibilité (27,6%) et la collaboration insuffisante entre les équipes (25%). Les budgets dépassés (23,6%), le taux de réécriture élevée (24,4%), les outils logiciels inadaptés ou inexistants (23,6%), la qualité médiocre (21%) et l'insatisfaction des utilisateurs (16,3%).