Questionné sur le profil des personnes ciblées par l'attaque, le directeur de l'ANSSI a indiqué que, comme l'expérience l'avait montré dans les affaires d'intelligence économique, les gens étaient visés tout azimuts. « Parfois, une attaque sur une secrétaire peut être plus efficace que sur un patron ». Quant aux documents volés, ils vont de l'information banale au document sensible. En revanche, « les documents classifiés ne sont pas concernés », a affirmé Patrick Pailloux. Il y a à Bercy un intranet interministériel nommé Isis, utilisé pour traiter les informations classifiées Défense et totalement isolé, sur lequel ont été placés des dispositifs de sécurité considérables. « Mais vous imaginez bien que l'on ne peut pas déployer ce genre de systèmes partout. Cela coûterait des fortunes. On le limite donc aux informations les plus sensibles ».

Prendre conscience de la réalité de la menace

Alors, l'Etat français est-il suffisamment protégé ? « C'est ce que nous essayons de faire à l'ANSSI. C'est la raison d'être de la création de l'agence de déployer de nouveaux dispositifs de sécurité et de renforcer la protection. » Patrick Pailloux considère néanmoins qu'un effort considérable est consenti en matière de moyens financiers. « Cette année, nous allons recruter, turnover compris, probablement autour de 70 personnes.  Il y a 40 créations de postes au sein de mon agence. Pour les avoir vues à l'oeuvre, je peux vous dire que les équipes de mon agence sont à un niveau exceptionnel. » Même si les moyens ne sont jamais suffisants, on ne pourrait pas aller beaucoup plus vite, estime le directeur. En 2012, le budget annuel de l'ANSSI devrait atteindre 90 millions d'euros (salaires compris).

Mais en dehors de l'administration, ce qui est arrivé à l'Etat pourrait aussi susciter une prise de conscience du côté des entreprises. « C'est une des raisons pour lesquelles nous avons voulu communiquer, a affirmé Patrick Pailloux. Certaines entreprises sont souvent très peu conscientes du niveau de risque qu'elles prennent. C'est pourquoi nous souhaitons dire que ce sont des sujets dont il faut parler parce qu'il s'agit d'une menace qui est totalement réelle. Nous espérons ardemment que cela va participer à la sensibilisation. »