Tout vient à point à qui sait attendre. Alors que la majorité des dossiers de rachat et de fusion sont généralement réglés rapidement par la Commission européenne, on ne pas en dire autant de celui concernant l'acquisition de VMware par Broadcom. En décembre dernier, l'institution avait en effet lancé des investigations sur ce rapprochement, craignant que cette opération débouche sur de l'entrave à la concurrence et des risques de hausse de prix, mais aussi de baisse de qualité et d'innovation. Initialement, les résultats de ses investigations étaient attendues d'ici au 11 mai, mais un dernier communiqué repousse cette date limite en annonçant se donner désormais jusqu'au 21 juin 2023 le temps de décider du sort de ce rachat à 61 Md$.

Dans sa communication de griefs, la Commission craint qu'en rachetant VMware, Broadcom ne restreigne la concurrence sur les marchés mondiaux de la fourniture de contrôleurs réseaux (et notamment du marché porteur des SmartNIC), des adaptateurs FC HBA (fibre channel host bus adapter) et ceux liés au stockage en verrouillant le matériel des concurrents, et en retardant ou en dégradant leur accès aux solutions de virtualisation de VMware.

Broadcom en droit de répondre ou d'être auditionné par la Commission européenne

« Broadcom est le principal fournisseur de HBA FC et d'adaptateurs de stockage. Les marchés sont très concentrés. Si les concurrents de Broadcom sont entravés dans leur capacité à rivaliser sur ces marchés, cela pourrait entraîner une hausse des prix, une baisse de la qualité et une diminution de l'innovation pour les entreprises clientes et, en fin de compte, pour les consommateurs », a encore souligné l'institution. La communication des griefs est une étape formelle de l'enquête menée par la Commission européenne. Broadcom a la possibilité d'y répondre, aussi bien que de demander à être auditionné par elle. Sachant que cette communication ne présage pas de l'issue de l'enquête. 

« La Commission a le devoir d'évaluer les fusions et acquisitions impliquant des entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse certains seuils et d'empêcher les concentrations qui entraveraient de manière significative une concurrence effective dans l'Espace économique européen ou une partie substantielle de celui-ci. Dans le cadre d'un effort général visant à accroître la transparence et à améliorer notre communication sur les enquêtes les plus complexes, la Commission a pris la décision de commencer à publier des communiqués de presse dès l'envoi d'une communication des griefs dans les procédures de concentration de la phase II. La Commission estime que la publication d'un communiqué de presse à ce stade d'une procédure de phase II apporte une valeur ajoutée et clarifie l'état d'avancement de l'affaire pour le public », indique l'instance.