Capgemini ne relèvera pas le montant de son offre publique d’achat amicale sur Altran, fixé à 14 euros par action, malgré la pression d’une partie des actionnaires de la société d’ingénierie française. C’est ce qu’a déclaré hier Paul Hermelin, PDG de Capgemini, à l'agence de presse Reuters en disant n’avoir rien vu dans les résultats trimestriels d’Altran (publiés fin octobre) qui le pousse à relever le cours. Ce dernier s’est établi à 14,14 à la clôture de la bourse hier soir et à 14,08 à l’ouverture ce matin. Depuis fin juillet, le fonds activiste américain Elliott - qui a augmenté ses parts au capital d’Altran - pousse pour obtenir une offre plus élevée. Il continue à juger sous-évaluée la proposition à 14 € faite au moment de l’annonce du projet d’acquisition d'Altran par Capgemini le 24 juin dernier. Celle-ci correspondait alors à une prime de 33% sur la moyenne des trois mois de cotation précédents. Il est vrai que, depuis, le cours d’Altran a frémi au-dessus des 14 €, s’élevant jusqu’à 14,77 € le 20 septembre.

L'opération d'acquisition a été approuvée par les conseils d'administration des deux entreprises et l'offre publique d'achat amicale de Capgemini a été déposée sur la base de 14 € en septembre auprès de l’Autorité des marchés financiers qui l’a déclarée conforme le 14 octobre. Le prix proposé a été jugé équitable par le cabinet Finexsi, expert indépendant désigné par Altran qui a recommandé à ses actionnaires d’apporter leurs actions à l'OPA. Mais de leur côté, les actionnaires d’Altran souhaitant une meilleure offre n’ont pas désarmé. Mandaté par le fonds Elliott, l’Adam - Association pour la défense des actionnaires minoritaires – a lancé un recours dont l’audience doit se tenir à la Cour d’appel de Paris le 4 décembre.

Capgemini ouvert à discussion en cas d'éléments nouveaux

Malgré ces turbulences, Paul Hermelin s’est dit hier « assez confiant » dans la réalisation de l’offre publique d'achat qui sera jugée réussie si Capgemini détient 50,1% du capital d’Altran à l’issue de la procédure. Depuis début juillet, le numéro 1 des services informatiques français détient déjà 11,43% du capital d’Altran. Paul Hermelin a également indiqué à Reuters qu’il était ouvert à rencontrer des représentants d’Elliott mais seulement en cas d’éléments nouveaux.

En cas d'échec de l'OPA, en revanche, Capgemini se retirera et fera autre chose, a encore indiqué son PDG en rappelant que le digital était riche d'opportunités. Dans le cadre du plan de succession engagé par le numéro 1 des services informatiques en France, Paul Hermelin va confier à Aiman Ezzat les rênes de la direction générale du groupe en mai 2020, lui-même conservant la présidence du conseil d'administration.

Toutes les autorisations réglementaires réunies

Le 14 octobre dernier, Capgemini a annoncé avoir obtenu l’autorisation de la Commission européenne pour son projet d’acquisition d’Altran, au titre du contrôle des concentrations. Le groupe français dit avoir ainsi obtenu toutes les autorisations réglementaires requises, notamment outre-Atlantique auprès du CFIUS - le comité pour l’investissement étranger aux Etats-Unis – en Inde auprès des autorités de la concurrence et au Maroc. L’OPA sur Altran est ouverte depuis le 16 octobre dernier et la date de clôture doit encore être fixée par l’AMF. Ce qui inquiète maintenant Capgemini, c’est qu'un retardement de la procédure puisse engendrer une période de flottement entraînant des fuites de talents dans les rangs d’Altran.