C'est un anniversaire un peu particulier auquel l'entreprise ne s'attendait sûrement pas. ContentSide fête ses dix ans dans un contexte de confinement où la célébration ne pourra se faire que par webcam interposée. Cette ESN parisienne, implantée aussi à Lyon, est spécialisée dans la gestion de documentaire et l'informatique éditoriale. Ces clients sont surtout des groupes de presse (Le Monde, 20 Minutes), maisons d'édition (Lextenso, Hachette, Bayard), institutions (Assemblée nationale, Afnor, DILA) et depuis quelques temps, des plateformes e-commerce (MisterAuto).  

Elle leur offre historiquement des services de conseil via lesquels les consultants de ContenSide interviennent directement chez les clients pour les aider à formaliser leurs besoins. La partie projets de l'ESN regroupe des développeurs réalisant des solutions sur mesure et intègrent des solutions partenaires (Mark Logic, Fonto, et trois autres fournisseurs). Les demandes sont donc sur des outils de gestion de contenus web : des back offices de saisie spécialisés (pour les publications juridiques par exemple), des projets big data (ContentSide a participé au développement du portail open data de l'Assemblée nationale), etc.

De l'intégration à l'édition de logciels

Mais depuis le début de l'année, ContentSide est passé du côté des éditeurs. « Nous avons vu un besoin de nos clients en termes d'automatisation des métadonnées. Que ce soit dans la presse ou l'e-commerce, les utilisateurs passent beaucoup de temps à remplir les informations descriptives de leurs articles ou produits alors qu'ils peuvent automatiser ce processus », indique Arnaud Dumont, fondateur et directeur de ContentSide. L'entreprise a donc développé la Semantic Platform, API qui permet de regrouper automatiquement les contenus qui parlent d'un même sujet, les classer. Et aussi identifier des lieux, des personnes afin de faire des liens vers d'autres articles similaires. Dans la presse, la finalité est d'améliorer le SEO des articles et le référencement naturel.

La technologie a été développée par l'entreprise d'Arnaud Dumont dans le cadre d'un programme européen de R&D de 3 ans, le projet PAPUD (Profiling and Analysis Platform Using Deep Learning) pour lequel ContentSide a développé des systèmes d'intelligence artificielle pour l'analyse de grandes masses de données textuelles hétérogènes. La plateforme est proposée en SaaS, les données sont hébergées en France par OVHcloud. Les fonctionnalités pour les clients de la presse sont plutôt bien développées, ContentSide est donc en train de se pencher sur des fonctionnalités spécifiques à l'e-commerce. Par exemple, pouvoir extraire les caractéristiques d'un produit (couleur, matière, etc.) afin de permettre d'affiner la recherche du client. Pour soutenir ces investissements en R&D, l'ntreprise a obtenu plusieurs prêts bancaires d'un montant total de 250 000 euros auprès de la BNP, la Caisse d'Epargne et de BPIFrance. ContentSide vient également d'intégrer le programme Ambition PME de la Région Auvergne-Rhône-Alpes afin de lever des fonds. Pour le moment, trois entreprises ont commencé à utiliser la Semantic Platform ou sont en POC.

Des objectifs revus à la baisse

Aujourd'hui, ContentSide est présent à Lyon et Paris où 14 personnes travaillent. En 2019, l'ESN a réalisé 1,6 M€ de chiffre d'affaires. En début d'année, ses objectifs pour 2020 étaient d'atteindre les 2 M€ de revenus et la vingtaine de salariés. Mais la situation de crise apportée par la pandémie de coronavirus amène son directeur à revoir ses ambitions. Arnaud Dumont prévoit tout de même d'embaucher quatre autres personnes et de réaliser 1,8 M€ de recettes, soit une croissance de 12,5%.

Si la crise ne touche pas spécialement l'activité projet (développement et intégration) de l'entreprise, avec commandes lancées fin 2019 qui sont assurées puisqu'elles sont réalisées à distance, le pôle consulting est plus impacté. La première réaction des clients à l'annonce du confinement a été de renvoyer les consultants de ContentSide qui travaillaient chez eux. Certains contrats ont été maintenus mais quelques uns ont été annulés. Les salariés de l'ESN concernés ont donc été placés en chômage partiel. L'entreprise a sollicité un Prêt garanti de l'Etat (PGE) et a demandé un report de ses échéances de prêts. Arnaud Dumont estime que cette crise va faire chuter le chiffre d'affaires de l'entreprise de 25%. Et même si la crise est plutôt bien gérée à court terme et qu'il espère une reprise rapide de l'activité, le directeur redoute un retour à la normal plus long que prévu.