C’est par la France que Datacore, spécialiste de la virtualisation des ressources de stockage, a commencé cette semaine son tour d’Europe pour présenter les évolutions de ses logiciels de gestion du stockage primaire actif. Ceux-ci regroupent la plateforme SDS SANsymphony et la solution HCI Hyper-converged Virtual SAN. Aux commandes de Datacore depuis tout juste un an, le CEO Dave Zabrowski était à Paris ce 9 avril pour détailler la feuille de route produits sur les prochains mois, accompagné de Rizwan Pirani, chief product officer, arrivé il y 8 mois dans l’entreprise, et de Pierre Aguerreberry, VP Ventes Europe du Sud. La France est le marché qui progresse le plus rapidement pour Datacore, a indiqué d’emblée le CEO, même si la concurrence y est vive. Selon les derniers chiffres remontés de Techvalidate Research, les 2/3 des clients français ayant mis en production les solutions du fournisseur disent avoir économisé à hauteur de 50% ou plus sur leurs ressources de stockage. Ce n’est pas surprenant dans un contexte où les environnements de stockage non virtualisés sont toujours restés largement sous-utilisés puisqu’ils nécessitent d’allouer des ressources a priori. « Avec une meilleure planification, nous augmentons l’utilisation de 50 à 70% », a rappelé Rizwan Pirani. Les principaux atouts des solutions Datacore sont la parallélisation et l’optimisation des entrées/sorties et la mise en cache pour accélérer l’accès au stockage, auxquels s'ajoute l’auto-tiering.

Datacore a été créé en 1998 par 12 co-fondateurs dont 9 sont toujours dans la société, a rappelé cette semaine l’actuel dirigeant. C’est en particulier le cas de Georges Teixeira, CEO de l’entreprise pendant 20 ans, qui reste président du conseil d’administration, toujours impliqué dans l’exécutif. Une nouvelle équipe de direction a néanmoins été constituée, chargée de « créer un nouveau Datacore qui tirera parti de toutes les forces acquises depuis 20 ans », a exposé Dave Zabrowski. Lui-même est arrivé en avril 2018 en provenance de Cloud Cruiser, après le rachat par HPE de cette société qu’il a fondée, spécialisée dans l’analyse et l’optimisation des usages et coûts dans les environnements hybrides. Rizwan Pirani, le chief product officer, a pour sa part passé 19 ans chez Citrix, travaillant sur XenApp et en dernier lieu sur les produits Insights et Analytics. Un nouveau directeur marketing est arrivé et une partie des cadres de Datacore ont par ailleurs été promus en interne. En premier lieu, le spécialiste du SDS veut d'abord simplifier sa démarche commerciale. Celle-ci s’appuie à 100% sur un réseau de partenaires. Fin 2018, l'éditeur de logiciels a commencé par simplifier le modèle de licences et de tarification de ses produits, jugé compliqué. Il est désormais réparti en trois catégories (En/Enterprise, St/Standard pour l’hyperconvegence, LS/Large Scale) et basé sur la capacité gérée. Le fournisseur entend par ailleurs accentuer son focus sur les clients. « Les décisions de notre feuille de route se font en collaboration avec eux », assure le CEO, une écoute nécessaire sur un marché où les acteurs se bousculent, a-t-il encore rappelé. Le support, déjà solide, va par ailleurs se compléter d’une offre Premium Plus. 

Les containers, pris en compte cette année

Du côté de l’évolution des produits, la prise en compte des containers se prépare. Pour Dave Zabrowski et son équipe, la prochaine opportunité à moyen terme pour le SDS, c’est d’unifier l’administration du stockage à partir d’une seule console couvrant le bare metal, les environnements virtualisés et conteneurisés, en prenant en compte les stockages primaires et secondaires, la sauvegarde/restauration et l’archivage. Pour l’instant concentré sur l’unification du stockage primaire, Datacore veut progressivement prolonger ses solutions sur un spectre plus large. « Nous allons investir et étendre l’empreinte de notre offre sur les données non structurées », a d’abord indiqué Dave Zabrowski. Avec l'offre Datacore Insight Services (DIS) qu’il prépare, le fournisseur investit sur 3 axes : le prédictif (actuellement, il analyse l’utilisation du stockage pour prédire ce qui va arriver), l’optimisation du stockage basé sur la politique mise en place par le client (policy-based optimisation), notamment sur la sécurité, et enfin les fonctions analytiques dopées au machine learning. Ces produits sont actuellement en développement, a précisé le CEO. Leur livraison va démarrer à la fin de ce 2ème trimestre. Ils pourront être exploitées sous trois formes, au choix des clients : un logiciel, une appliance HCI (il s’agira de la 1ère appliance de Datacore) et un ensemble de services cloud. « Nous travaillons dessus », a indiqué M. Zabrowski. A noter que des passerelles cloud existent déjà avec AWS, Microsoft Azure et d’autres cloud.

Datacore Insights Services donnera accès à des fonctions prédictives, permettra d'optimiser le stockage à partir des règles choisies par le client et fournira de l'analytique basé sur l'iA. A l'avenir, Datacore veut étendre son axe d'action de la gauche du graphique vers la droite, nous ont expliqué ses dirigeants, cette semaine à Paris. (Crédit : Datacore)

Interrogé sur les fonctions de déduplication et de compression, le chief product officer Rizwan Pirani a indiqué qu’il n’y en avait pas encore (même si on les trouve à certains niveaux, par exemple, la cloud gateway déduplique et compresse les données froides avant leur transfert vers le cloud), mais qu’elles allaient arriver cette année. « Des recherches sont réalisées sur le type de workloads qui ont besoin de compression et de déduplication chez nos clients, c’est important de le déterminer et cela demande un peu de temps », a souligné le chief product officer. 

10 000 déploiements dans le monde

Créé la même année que VMware, Datacore est un pionnier du software defined storage (si ce n’est le pionnier). A côté de l’entreprise tentaculaire qu’est devenue VMware (près de 22 000 salariés), le co-fondateur de Datacore George Teixeira a choisi de conserver un effectif réduit (220 personnes) pour se concentrer sur son métier d’éditeur de logiciels SDS. Le fournisseur de Fort Lauderdale a plus de 10 000 déploiements clients à son actif dans le monde à travers ses partenaires, sans commercialiser ses solutions en OEM. Son propre chiffre d’affaires (qu’il ne communique pas, la société n’étant pas cotée) est uniquement axé sur la vente de logiciels et le support et il ne représente qu’une très petite part des revenus générés par son écosystème.

Rizwan Pirani, chief product officer de Datacore, a auparavant passé 19 ans chez Citrix. (Crédit : LMI/MG)

Revenant sur les perspectives d’unification du stockage derrière une unique console, Rizwan Pirani a exposé les focus de Datacore. En premier lieu, les impératifs de développement autour de la notion d’ubiquité pour gérer les données où qu’elles se trouvent, on-premise, dans le cloud, en mode hybride, quel que soit leur état et les protocoles de transfert utilisés. « Parce qu’il nous faut préserver la diversité », a-t-il pointé.  « Il faut optimiser le stockage quel que soit le type de workload, en incluant containers et micro-services ». Datacore veut aussi de simplifier le déploiement et la gestion des données de bout en bout.

Un plug-in Datacore pour Veeam

Du côté de ses offres, Datacore s’apprête à faire deux annonces. La première concerne le support des solutions de sauvegarde de Veeam à travers sa plateforme SANsymphony. La deuxième porte sur le chiffrement. « Il y aura très bientôt sur le site de Veeam un plug-in Datacore pour les clients », a indiqué le fournisseur. Le back-up sera piloté par Veeam qui enverra les demandes à la console, les snapshots des données à sauvegarder étant alors mises à sa disposition par SANsymphony, nous a expliqué Said Boukhizou, directeur technique EMEA de Datacore, en ajoutant que « l'objectif était de réduire les slots de sauvegarde et les overheads », l’un des problèmes étant le temps de consolidation des snapshots lors du backup. « L’intérêt pour le client, c’est de sauvegarder vite sans impact sur ses applications ». Datacore avait déjà un plug-in pour Commvault depuis plusieurs années. « Le client a besoin d’un service. Toute notre valeur, c’est de dire, j’ai tous ces services à disposition de façon agnostique, quel que soit l’hyperviseur », a expliqué le directeur technique à propos de ces partenariats.

Quant au chiffrement, entièrement logiciel, il sera intégré à SANsymphony pour les données au repos (avec une réduction des performances de 5 à 8% selon le type de données). A noter que toutes les fonctionnalités de SANsymphony seront disponibles dans la version appliance HCI que Datacore prévoit de livrer. « Lorsque nous sortirons de nouvelles fonctionnalités, elles seront livrées dans le logiciel et dans l’appliance », a précisé le CPO. 

Une gestion basée sur les workflows 

« En 2019, vous allez également voir Datacore investir dans la conteneurisation pour accéder aux données qu’elles soient stockées localement, dans le cloud ou en mode hybride à travers différents clusters, en évitant d’être verrouillé par un fournisseur », a également indiqué Rizwan Pirani. « On pourra appeler les micro-services depuis Datacore à partir d’API ouvertes ». Les clients pourront aussi utiliser l’actuel plug-in pour Kubernetes. « Toute interface orchestrée par Kubernetes peut être utilisée, nous cherchons à être relativement standard ». Enfin, le dernier sujet abordé par le CPO a concerné la simplification. La prochaine console DIS utilisera une gestion basée sur des workflows plutôt que sur les objets. A partir d’une interface web, l’utilisateur pourra aller chercher un certain nombre de workflows de jeux de réplication au niveau du système hôte ou d’un disque virtuel. « C’est beaucoup plus naturel », a assuré Rizwan Pirani. « Pour nous, la simplicité est une arme stratégique, c’est l’ultime sophistication et c’est un impératif R&D », a-t-il souligné.

Pour conclure, Datacore a donné quelques informations sur le mode développement, agile, mis en oeuvre par ses équipes R&D. Sur sa feuille de route qui doit l’amener à unifier les ressources de stockage, le fournisseur américain découple la création des fonctionnalités logicielles et leur livraison publique, en travaillant sur des composants indépendants. Ses équipes fonctionnent en mode Scrum sur des sprints de 4 semaines.