Depuis l’annonce de la plateforme AMD Epyc, le marché des serveurs renoue avec la concurrence sur le créneau mono et bisocket. Outrageusement dominé par Intel depuis la quasi disparition d’AMD - les performances des dernières puces serveurs du fournisseur de Sunnyvale étaient - ce segment est de nouveau stimulé par l’arrivée des puces Epyc 7000 dotées de 8 à 32 cœurs (soit quatre de plus que les Xeon d’Intel). Après HPE, Lenovo (pour le marché chinois seulement) et Supermicro, Dell annonce à son tour des serveurs (au format rack pour commencer) animés par les puces d’AMD, à savoir les PowerEdge 14G R6415, R7415 et R7425. Le premier est monoprocesseur au format 1U et les deux autres sont de type bisocket 2U.

Sur le papier, les performances des puces AMD Epyc 7000 s'annoncent prometteuses. (Crédit AMD).

Depuis le PowerEdge R715 (bisocket 2U) sur base Opteron, lancé il y a une dizaine d'année, le fournisseur texan n’avait plus annoncé de serveur sur base AMD. « Les PowerEdge R715 ont connu pas mal de succès sur le marché HPC en France », nous a rappelé Jean Sébastien Volte directeur produit serveurs et réseau chez Dell EMC France. « Et avec les R7425 nous proposons des performances pour le calcul intensif en mode traditionnel ou cluster, avec 32 cœurs pas socket, 4 To de Ram et 128 lignes PCI Express. » Selon Dell EMC, ce serveur affiche des gains de performances intéressantes avec ses 64 cœurs épaulés par une bande passante élevée avec une capacité GPU/FPGA particulièrement dense. Le R7425 utilise un commutateur PCIe afin d'offrir suffisamment de voies pour les 24 unités NVMe tout en offrant jusqu' à huit emplacements PCIe sur 64 lignes.

 

Bisocket au format 2U, le R7415 supporte jusqu'à 24 SSD NVMe.(crédit : Dell EMC)

Une gamme plus complète en cas de succès 

Certifié VMware vSAN et ScaleIO Ready Node (deux produits de la fédération Dell EMC), le PowerEdge R7415 (bisocket également avec 64 cœurs maximum donc) s’intéresse au marché du software defined storage. Intégrant jusqu’à 2 To de mémoire et 24 SSD NVMe, ce serveur permet d’optimiser les ressources de stockage pour provisionner plus finement les machines virtuelles. La version monoprocesseur (jusqu’à 2 To de RAM), le PowerEdge R6415, propose également 128 lignes PCI Express avec le support de 10 SSD NVMe et de cartes GPU pour le machine learning, le deep learning et les simulations géophysiques dans la recherche pétrolière. Mais Dell EMC n’exclut bien sûr pas les applications transactionnelles comme les bases de données. Tous ces serveurs sont livrés avec des cartes réseaux (double 1GbE, double 10GbE ou double 10GbE SFP+ suivant les options), la plate-forme d’administration OpenManage et une série de contrôleurs PERC.

Le R6415 de Dell EMC accueille une seule puce Epyc 7000. (crédit : Dell EMC)

Dell affiche de grandes ambitions commerciales pour ses modèles mono et bisocket, « costauds et sans compromis en termes de performances » pour reprendre les propos de Jean Sébastien Volte. Les produits sont d’ores et déjà disponibles en France à des tarifs s’échelonnant de 400 à 4 000 $ HT. Des tests ont été réalisés chez des clients français dans l’hébergement et les télécoms mais également le monde de l‘édition logiciel. « Les studios de création de jeux vidéo sont très intéressés par les performances en compilation. Ils étaient volontaires pour tester ça ». Les banques sont également sur les rangs pour leur cloud privée - grâce à un bon ratio TCO/performances - mais aussi le trading à haute fréquence. Dernier marché ciblé, la recherche public et l’éducation. Jean Sébastien Volte ne nous a pas caché que le retour d’AMD sur les PowerEdge était un test et, si les choses se passent bien, des serveurs modulaires pourraient débarquer dans les prochains mois. La division blade est par exemple très intéressée par les puces Epyc pour réduire l’encombrement des lames avec un monoprocesseur doté de 32 cœurs.

Une concurrence bienvenue 

AMD, qui avait dilapidé son capital sur le marché des serveurs avec les puces FX/Bulldozer et les errements ARM 64 bits (Opteron A1100), semble avoir réussi à revenir dans la bataille. Reste à savoir si les entreprises suivront et mettront en concurrence les puces d’AMD et celles d’Intel, qui couvrent une gamme beaucoup plus large sur le marché. Une saine concurrence est toujours une bonne chose pour stimuler les prix et l'innovation.