Le torchon brûle entre Donald Trump et le CEO de Twitter Jack Dorsey. En quelques dizaines d'heures, la relation entre le président américain et le géant des réseaux sociaux s'est en effet méchamment dégradée. Mardi 26 mai 2020, Twitter a signalé deux tweets présidentiels spécifiant qu'ils avançaient des contre-vérités relatives à la fiabilité du vote à distance avant de se lancer dans une explication de texte ce jeudi : « Nous avons ajouté une étiquette [mention Vérifiez les faits] à deux @realDonaldTrump Tweets sur les plans de vote par correspondance de la Californie dans le cadre de nos efforts pour appliquer notre politique d'intégrité civique. Nous pensons que ces Tweets pourraient embrouiller les électeurs sur ce qu'ils doivent faire pour recevoir un bulletin de vote et participer au processus électoral », a fait savoir Twitter.

Bis repetita dans un nouveau tweet où Donald Trump a cette fois commenté la situation dramatique dans le Minneapolis qui s'est embrasée suite au décès d'un citoyen américain noir George Floyd après une altercation plus que musclée par la police locale. « Quand les pillages démarrent, les tirs commencent. Merci ! », a osé écrire Donald Trump. Un tweet qui a une nouvelle fois fait réagir Twitter avec un signalement : « Ce Tweet a enfreint les Règles de Twitter relatives à la glorification de la violence. Toutefois, Twitter a déterminé que sa disponibilité peut présenter un intérêt pour le public », peut-on lire dans un message du réseau social accompagnant la prose présidentielle.

Une bataille éminemment politique pour Donald Trump

La sentence de Donald Trump n'a pas tardé. Après avoir menacé de « fermer » les réseaux sociaux il y a deux jours, le président américain est passé à la vitesse supérieure en signant un décret exécutif enjoignant les agences fédérales à revoir la loi de 1996 Communications Decency Act (section 230 c) permettant d'imputer uniquement la responsabilité des publications de messages sur les réseaux sociaux aux internautes et non pas aux plateformes elles-mêmes. En ouvrant la boite de Pandore de la responsabilité de publication et d'éventuelles poursuites judiciaires associées, Donald Trump espère remporter une manche mais la guerre s'annonce rude. Alors que le CEO de Facebook Mark Zuckerberg, a sorti le parapluie en prenant ses distances par rapport à l'initiative de Twitter, Jack Dorsey de son côté bombe le torse en déclarant « continuer à pointer les informations incorrectes ou contestables et reconnaitre toutes les erreurs qu'on l'on pourra faire ».

La manoeuvre de Donald Trump pour tenter de museler les réseaux sociaux risque en tout état de cause de secouer un peu plus la scène politique américaine. Car il faudra s'attendre à ce que la Congrès, une nouvelle fois dépossédée de toute capacité d'arbitrage, engage une procédure pour remettre en cause cette décision unilatérale. Mais Donald Trump pourrait bien engranger quelques alliés en parvenant à rejoindre à sa cause la FTC (Federal Trade Commission) et la FCC (Federal Comminications Commission). Des organes officiellement indépendants mais dont les membres dirigeants, respectivement Joseph Simons et Ajit Paiont ont directement été placés par Donald Trump, et se sont montrés particulièrement dociles notamment sur la fin de la neutralité du net.