Les choses n'auraient pas dû se passer ainsi. Alors qu'Emotic Systems offrait une démonstration de l'Epoc, son casque faisant office de manette de jeu en interprétant les impulsions électriques du cerveau grâce à une douzaine de capteurs, les dirigeants de la société ont vécu un grand moment de solitude. Dans un premier temps, tout semblait se dérouler parfaitement. Un démonstrateur monte sur scène et se coiffe de l'appareil, avant d'afficher plusieurs expressions - sourire, clin d'oeil - correctement restituées sur le visage d'un avatar diffusé sur un écran géant. L'animateur impulse ensuite une rotation à un cube modélisé en 3 dimensions et le fait avancer. Puis entreprend de le faire disparaître. Et réessaie. « Pouvez-vous le faire disparaître », s'enquiert, plein d'espoir, le PDG d'Emotic. Un toussotement résonne dans la salle avant que le dirigeant ne propose de passer à la démonstration suivante. Soudain le cube disparaît et le public lâche des salves d'applaudissements. Arrive alors le moment d'essayer le casque avec un jeu vidéo, ce pour quoi il est conçu. « Ceci, explique un développeur d'Emotiv en désignant une manette de jeu sans fil, un brin dédaigneux, est une chose merveilleuse qui fonctionne vraiment bien... mais contrôler un objet par la pensée relègue cet objet à un lointain passé. » C'est à cet instant que tout dégénère. Incapable d'utiliser le casque pour interagir avec le jeu, le camelot se voit contraint de prendre en main la manette qu'il dénigrait quelques minutes plus tôt. Laquelle refuse également de fonctionner. « Pouvez-vous éteindre tous les transmetteurs sans fil que vous utilisez car, là, nous ne parvenons même pas à faire fonctionner la manette », demande le développeur au public. Un peu trop tard. Il ne restait plus à Emotic qu'à qualifier la soirée de « démonstration de l'enfer ». Tout s'était pourtant bien déroulé lors de la présentation organisée en janvier lors du CES de Las Vegas. Tout semblait même correctement huilé pendant la répétition, l'après-midi même. Selon le constructeur, les problèmes rencontrés sont liés aux équipements audio-visuels sans fil utilisés par les organisateurs de l'événement, reposant sur la bande des 2,4 GHz, tout comme le casque. Le matériel équipant la salle de conférence émet des signaux plus puissants que les appareils grand public et a ainsi causé des interférences avec le casque. Un manque de chance donc, qui ne permet pas d'affirmer que l'Epoc n'est pas formidable.