La dernière saillie de Donald Trump sur les réseaux sociaux n'est cette fois pas passée. Il faut dire que les commentaires du président américain, suite à l'invasion aussi inédite que tragique - une femme est morte - du Capitole à Washington par des centaines de ses sympathisants, ont de quoi jeter le trouble. « Ce fut une élection écrasante et tout le monde le sait, surtout de l’autre côté. Mais vous devez rentrer chez vous maintenant », s'est simplement contenté de tweeter dans un premier temps, hier, l'homme politique le plus puissant de la planète. Un peu léger comme réaction face au chaos at au débordement de violence d'une ampleur historique, après l'incendie en 1812 du Capitole par les troupes britanniques. Un message d'appel au calme aurait tout de suite dû être lancé pour - peut être - mais n'était-ce pas déjà trop tard ? - désamorcer une situation devenue critique. « Je demande à tout le monde au Capitole des États-Unis de rester pacifique. Pas de violence ! Rappelez-vous, NOUS sommes le Parti de la loi et de l'ordre - respectez la loi et nos grands hommes et femmes en bleu. Je vous remercie ! [...] Veuillez soutenir notre police du Capitole et notre application de la loi. Ils sont vraiment du côté de notre pays. Restez pacifiques », a par la suite tweeté Donald Trump.

Outre la lenteur d'un appel au calme solennel, Donald Trump a également répété dans ses tweets et posts de fausses déclarations selon lesquelles l'élection présidentielle de 2020 était frauduleuse. « Nous avons eu une élection qui nous a été volée », a ainsi déclaré Trump dans une vidéo depuis dépubliée par Twitter et Google YouTube. Devant cette énième affirmation d'élection volée et soutien implicite aux envahisseurs du Capitole à Washington qui ont fait voler en éclat le vase de la démocratie, Twitter, Facebook et Google YouTube ont - d'aucun diront enfin - pris leur responsabilité en dépubliant ces messages et allant jusqu'à museler temporairement la parole du président américain

Donald Trump suspendu au moins 12h de Twitter et 24h de Facebook

Twitter a initialement imposé des restrictions à la vidéo de Donald Trump, empêchant les gens de liker, retweeter ou répondre au message original, justifiant sa décision par des « risques de violence ». Avant de complètement supprimer la vidéo et deux autres de ses tweets, affirmant qu'ils enfreignaient ses règles avant de suspendre le compte du président pendant au moins 12 heures. Facebook a aussi supprimé un post présidentiel indiquant que « Les États-Unis ont des lois, des procédures et des institutions établies pour garantir l'intégrité de nos élections ».

Alex Holmes, qui fait partie du Conseil de confiance et de sécurité de Twitter, a également appelé la plateforme à fermer les comptes de Trump. « Il est temps que Twitter désactive le compte de Trump pour la loi et l'ordre ! », a tweeté Alex Holmes. « Je réalise que c'est le président des États-Unis, mais des mesures doivent être prises lorsque quelqu'un incite à la violence et menace la sécurité ! »

Du sang sur les mains des dirigeants de Twitter et Facebook

Dans une note interne adressée aux employés de Facebook, le CEO de l'entreprise Mark Zuckerberg a déclaré qu'il était « attristé » par la violence de la manifestation et qualifié d'« urgence » la nécessité de réagir. Le compte Facebook de 35 millions d'abonnés de Trump a également été suspendu et restera inactif pendant au moins 24 heures. Le réseau social a déclaré que deux de ses messages avaient enfreint ses politiques de publication. Dans un article de blog, Facebook a déclaré que les deux posts en question étaient relatifs aux manifestations du Capitole et aux résultats des élections. Le compte Instagram de Trump a également été suspendu. « Nous l'avons supprimé parce que, dans l'ensemble, nous pensons qu'il contribue à maintenir plutôt qu'à diminuer le risque de violence », a déclaré Guy Rosen, responsable de l'intégrité de Facebook.

Pendant les années de pouvoir de Donald Trump, les réseaux sociaux ont pendant longtemps été critiqués pour favoriser la parole présidentielle. Et si ce temps semble révolu, n'arrive-t-il pas trop tard à 13 jours de la fin de son mandat ? « Il y a eu de bons arguments pour que les entreprises privées ne réduisent pas au silence les élus, mais tous ces arguments reposent sur la protection de la gouvernance constitutionnelle », a expliqué Alex Stamos, ancien responsable de la sécurité chez Facebook. « Twitter et Facebook doivent lui couper la parole. Il ne reste plus d’actions légitimes et l’étiquetage ne suffira pas ».  Et l'investisseur américain Chris Sacca, propriétaire du fonds de capital-risque Lowercase Capital, d'aller encore plus loin à l'encontre des dirigeants de Twitter et Facebook : «  Vous avez du sang sur les mains, @jack et Zuck. Depuis quatre ans, vous rationalisez cette terreur. L'incitation à la trahison violente n'est pas un exercice de liberté d'expression. Si vous travaillez dans ces entreprises, cela dépend également de vous. Faites le taire ».