Hier matin, à deux jours de la tenue du Conseil Européen consacré au numérique, Fleur Pellerin et Sylvia Pinel avaient convié la presse dans un petit hôtel du XVe arrondissement de Paris pour discuter du thème de la régulation des géants de l'Internet. Alors que l'on s'attendait à des déclarations sur, notamment, l'importante problématique de la fiscalisation d'entreprises telles que Google, Amazon ou encore Apple, pointées du doigt par l'OCDE en début d'année pour leurs pratiques d'optimisation fiscale, c'est en fait sur «la dépendance croissante dans laquelle se trouvent les établissements hôteliers vis-à-vis des grandes plateformes de réservation, souvent étrangères» que les deux ministres ont choisi de se pencher. Une approche très personnelle,  donc, de la définition de «géants de l'Internet».

Réguler les "géants" du tourisme en ligne

Si l'on aura donc finalement pas parlé de poids lourds du web, les principaux acteurs du tourisme en ligne dont ont parlé les deux ministres auront quant à eux monopolisé l'attention. Fleur Pellerin et Sylvia Pinel se sont ainsi déclarées en faveur d'une régulation accrue des sites de réservation en ligne. «Ces plateformes ont des positions extrêmement dominantes et imposent des contraintes contraires au développement», a expliqué Fleur Pellerin.
Sylvia Pinel, de son côté, a noté l'importance d'une réflexion à l'échelle européenne pour trouver des moyens de régulation permettant aux professionnels du tourisme d'adopter une position offensive et pas seulement de subir les sites de réservation en ligne. Pour les ministres, des «normes de comportement» pourraient ainsi être signées pour éviter, entre autre, aux hôteliers de se trouver «confrontés à des clauses inacceptables» ou à de lourdes commissions. «Les centrales de réservation nous apportent une visibilité mondiale mais nous sommes étranglés par les intermédiaires qui prennent des commissions aberrantes s'élevant jusqu'à 25 ou 30%», explique Evelyne Maes, l'une des propriétaires de l'hôtel visité par les ministres.

Des réponses à venir les 24 et 25 octobre

Si la problématique touristique mérite bien évidemment d'être mise en lumière, une intervention sur des thèmes tel que celui de la régulation fiscale et sectorielle du numérique aurait été appréciée. La France, notamment, pourrait proposer à l'Union Européenne la création d'une autorité de régulation spécifique. Pour rappel et selon un rapport de la Fédération française des télécoms, Google, Apple, Facebook et Amazon n'auraient payé que 37,5 millions d'euros en 2011. Une somme négligeable comparée aux 830 millions d'euros que ces entreprises auraient du débourser si elles avaient été soumises aux mêmes règles locales que les entreprises traditionnelles. Le Conseil Européen, lui, se penchera sans aucun doute sur la question dés demain.