John Rymer et Dave West reconnaissent cela, mais plaident pour "un certain degré de liberté", qui fera par exemple qu'une équipe projet pourra utiliser Spring ou Tomcat plutôt que le framework ou le serveur d'applications recommandé. Dave West précise aussi que les méthodes agiles minimisent le risque associé à ces dérogations pour ce qui a trait à la maintenance. Le développement par itérations engage en effet le développeur sur le long terme : le socle qu'il développe en premier doit être de qualité dans son propre intérêt, puisqu'il s'appuiera dessus pour délivrer au fur et à mesure du projet les fonctionnalités demandées. Le même principe de liberté et d'encadrement prévaut, pour Forrester, en ce qui concerne l'Open Source. Même dans les entreprises déclarant ne pas recourir aux logiciels libres, leur usage est courant, soulignent les analystes. Car les développeurs ont une tendance naturelle à rechercher l'efficacité - un principe du 'lean' - en utilisant des outils ou des briques Open Source. "Ne laissez pas les développeurs faire cela dans leur coin", avertit Dave West, qui encourage les entreprises à encadrer cette pratique pour en bénéficier tout en maîtrisant les risques. Eviter les logiciels aux fonctionnalités inutiles Un autre objectif du 'lean' dans la conception d'applications consiste à éviter les fonctionnalités inutiles. Tant pour les applications développées sur mesure (les méthodes agiles permettent d'ailleurs de raffiner les exigences au fur et à mesure) que pour les applications du commerce, dont les analystes ont dénoncé l'inflation des fonctionnalités, parlant de "bloatware" ("inflagiciel" ?). Alex Peters est revenu sur le sujet dans une autre session, qu'il a axée vers les responsables de production. Outre ce conseil, il a enjoint les entreprises à prendre des mesures simples, qui ne demandent pas de financement particulier. "Plutôt que de sur-optimiser votre système d'appels entrants pour la correction d'incidents, installez des équipements améliorant la qualité en amont." Une DSI bicéphale : un courtier en services et un fournisseur de services Le reste, estime Alex Peters, est affaire de transformation : pour lui, les DSI doivent s'organiser en fonction de la configuration des directions métier. "Faites correspondre votre portefeuille de services avec les profils de vos clients métier." Cette transformation exige une dichotomie de la DSI, avec d'un côté un "IT supply manager", autrement dit un fournisseur de services technologiques qui sera mis en compétition avec les services externes, et de l'autre côté un "demand broker", un courtier qui sélectionnera la bonne combinaison de services pour répondre aux besoins des directions métier. Toutes ces notions impliquent des révolutions culturelles pour lesquelles toutes les entreprises ne seront pas prêtes. Pour un manager décidé à s'inspirer du 'lean IT', la crise économique représente une belle opportunité, car qui dit 'lean' dit plus grande efficacité, moins de gâchis, et donc a priori plus de réduction des coûts. Toutefois, prévient Alex Peters, la stratégie 'lean' vise plus l'amélioration des processus que les économies : "lean n'est pas synonyme de skinny [maigre] !"