La direction de France Télécom/Orange, représentée par Stéphane Richard, Delphine Ernotte et Bruno Mettling, a présenté aux syndicats un « contrat social » qui sera bientôt envoyé par courrier aux salariés du groupe en France. Ce projet intervient alors qu'en avril  dernier,  le parquet de Paris décidait d'ouvrir une information judiciaire sur la série de suicides - 48 cas depuis 2008 - de salariés de France Télécom. Il a été présenté, mercredi dernier, sous forme d'une vidéo en interne. Un service SVP a permis de faire remonter 800 questions SMS aux dirigeants du groupe. Les préoccupations majeures des salariés portaient à la fois sur la reconstruction du projet industriel mené par l'opérateur, sur son organisation, ses changements managériaux et sur sa politique d'innovation. Ce contrat social sera matérialisé par six chapitres : la politique de l'emploi, l'organisation du travail, l'évolution du management, la qualité de la vie au travail, la rétribution et la fonction ressources humaines.
Selon le document, les responsables de terrain retrouveront des marges de manoeuvre pour prendre des décisions locales, notamment en matière d'emploi de promotions, de formations et de congés. « Après cinq ans de décroissance massive des effectifs (30 000 emplois supprimés) France Télécom annonce un retour à une politique de recrutement », se félicite Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC/Unsa chez France Télécom-Orange et d'ajouter :  « d'ici fin 2012, 10 000 personnes seront recrutées en CDI, prioritairement parmi les apprentis qui sont déjà dans le groupe France Télécom. C'est une bonne nouvelle, même si, au final, il ne s'agit que d'une stabilisation des effectifs. » 

La section syndicale salue également le retour à la prise en compte de la dimension sociale de l'entreprise, et la mise en oeuvre d'une partie des recommandations qu'elle a régulièrement formulées depuis plusieurs mois, notamment sur la base des travaux de l'Observatoire du stress et des mobilités forcées, qu'elle anime avec le syndicat Sud depuis 2007. 

Mettre un terme aux délocalisations

Le syndicaliste estime également que le groupe doit aller encore plus loin, pour mettre fin à la logique de sous-traitance, en particulier dans les métiers en relation avec les clients, et notamment dans les unités d'intervention. « Chez France Télécom, aucun système d'information n'est homogène, les fichiers ne sont pas communs, il est donc difficile de suivre les dossiers des clients », signale Sébastien Crozier. Selon ce dernier, la prise en charge du client par un salarié de l'entreprise dès le début de la relation permettrait de mieux cerner les besoins et d'assurer la qualité de service idoine, que la direction générale de France Télécom souhaite également retrouver. 

Un projet industriel qui mobilise les énergies

Enfin, pour que l'entreprise ne soit pas défavorisée sur le plan concurrentiel, la CFE-CGC/Unsa recommande à l'État de prendre ses responsabilités, et d'interdire les délocalisations - notamment pour les centres d'appels - à tous les opérateurs de télécommunications desservant le territoire national. Pour la section syndicale, une telle mesure permettrait de retrouver des emplois, absolument nécessaires dans le contexte de crise économique, sans pour autant pénaliser la compétitivité des opérateurs français, puisqu'ils seraient tous soumis aux mêmes règles.

Reste que les engagements pris par l'opérateur historique devront néanmoins être sous-tendus par un projet industriel permettant de remobiliser les énergies autour d'enjeux positifs. « Il manque encore un véritable projet industriel, nécessaire pour mobiliser les énergies autour d'un objectif qui permette de laisser la crise sociale derrière nous, et de rendre de la sérénité aux équipes en assurant la pérennité de l'entreprise », regrette Sébastien Crozier. Pour lui, un projet industriel ne peut se déployer efficacement que s'il en a les moyens financiers.

Illustration: Stéphane Richard, directeur général de France Télécom. Crédit photo: France Télécom